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La nouvelle CCT de l'horlogerie et de la microtechnique est sous toit

Unia et la Convention paronale ont signé une convention plus moderne, sociale et protectrice à Neuchâtel

Quelque 50000 salariés de la branche horlogère et microtechnique bénéficieront pour cinq ans encore d'une convention collective de travail (CCT). Pour la quinzième fois depuis 1937, celle-ci a été renouvelée par les partenaires sociaux, avec des avancées sociales à la clé.

Les représentants d'Unia et de la Convention patronale de l'industrie horlogère ont signé vendredi dernier la nouvelle Convention collective de travail (CCT) de l'horlogerie et de la microtechnique. Pour la quinzième fois depuis 1937, les partenaires sociaux se sont retrouvés à l'Hôtel DuPeyrou à Neuchâtel, afin de renouveler pour cinq années ce contrat qui concerne près de 50000 salariés dans plus de 500 entreprises.

Un contexte difficile
La nouvelle CCT, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2017, se veut «plus moderne, plus sociale et plus protectrice», a résumé devant la presse Pierluigi Fedele, responsable de la branche horlogère au sein d'Unia et de la délégation de négociation. Afin de limiter les distorsions sur le marché de l'emploi et la mise en concurrence des travailleurs fixes et temporaires, les dispositions relatives aux salaires et temps de travail s'appliqueront désormais aux employés intérimaires. Les salaires minimums seront désormais obligatoires au sein des entreprises signataires de la CCT, et la distinction entre salaire minimum et «salaire minimum d'embauche» supprimée. La CCT contribuera également à mieux concilier vie professionnelle et vie familiale. Un congé maternité de 18 semaines est institué et, de son côté, le congé paternité augmente de 5 à 10 jours dès le second enfant ou en cas de naissance gémellaire. A cela s'ajoute une refonte du système d'allocations familiales dont profiteront les parents de 7700 enfants. Enfin, la participation patronale à la caisse maladie est relevée de 15 francs pour atteindre 175 francs par mois. «Obtenir de telles avancées est d'autant plus important dans un contexte difficile où la sinistrose guette», estime Pierluigi Fedele.
Pour remporter ces améliorations, la délégation syndicale a dû céder sur quelques points. Les contrats à durée déterminée passent de 12 à 24 mois, la durée de protection contre les licenciements en cas de maladie ou d'accident la première année d'engagement est réduite de 56 à 30 jours, soit la norme du Code des obligations, et les patrons auront la possibilité d'appliquer un horaire fluctuant en cas de mauvaise conjoncture. «Jadis, le syndicat présentait ses revendications et les employeurs tâchaient de céder le moins possible. Cette époque est terminée. Aujourd'hui, le patronat présente aussi des revendications. Il en découle des négociations parfois difficiles», a expliqué Elisabeth Zölch, la présidente de la Convention patronale.
Durant onze mois, il a fallu pas moins de dix séances de sept à huit heures pour que les deux délégations discutent des 43 revendications émises de part et d'autre et se mettent d'accord. «Avec l'abandon du taux plancher, des perturbations sur certains marchés traditionnels et des bouleversements géopolitiques, on ne pouvait guère imaginer de contexte plus difficile pour de telles discussions. Mais au bout du compte, le bilan est positif pour Unia», juge Pierluigi Fedele.

Un pilier du partenariat social
Avec quelque 72% d'entreprises conventionnées et 85% des salariés de la branche, la CCT de l'horlogerie affiche un taux de couverture exceptionnel. Pas question pour autant de demander une déclaration de force obligatoire. François Matile a répété l'opposition «absolue et définitive» du patronat. «C'est dans les CCT de force obligatoire que l'on trouve le plus de violations de CCT», s'est justifié le secrétaire général de la Convention patronale. Une position regrettée par Vania Alleva: «Une CCT de force obligatoire, c'est une meilleure protection pour les salariés de toute une branche. C'est important, surtout en présence de sous-traitants et dans un contexte de dumping salarial et de libre circulation des personnes.» Quoi qu'il en soit, la présidente d'Unia considère la CCT de l'horlogerie comme une «bonne convention» et «un pilier important du partenariat social en Suisse». «C'est la CCT la plus élaborée vis-à-vis des droits syndicaux dans l'entreprise, elle permet de faire vivre le syndicat dans les entreprises», a souligné Corrado Pardini, le responsable du secteur industrie d'Unia.
«Ce nouveau contrat sera confronté dès le début de l'année prochaine à la réalité du terrain. Il appartiendra aux partenaires sociaux, aux travailleurs et travailleuses, ainsi qu'aux entreprises de le faire vivre et de l'appliquer au quotidien», conclut Pierluigi Fedele.

Jérôme Béguin