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La politique en héritage

Les cas des familles de politiciens qui se transmettent des postes de génération en génération sont relativement bien connus. Ce qui l’est moins, c’est que l’héritage politique est une notion globale, qui porte sur la transmission de références et de valeurs. Selon les historiens Ludivine Bantigny et Arnaud Baubérot, qui publient Hériter en politique (Editions PUF), il y a là un enjeu qui touche à la survie de nombreuses organisations, tant l’identité, l’apprentissage et le passage du flambeau revêtent une importance décisive.

Comme legs familial, les auteurs donnent l’exemple des Giscard d’Estaing, dont quatre générations se sont succédé dans la 3e circonscription du Puy-de-Dôme pour l’élection à l’Assemblée nationale. En Suisse, un cas célèbre est celui de la famille PDC genevoise Maître, puisque l’actuel conseiller national Vincent est le fils de Jean-Philippe et le petit-fils d’Yves, qui ont tous occupé ce poste. 

En politique, l’héritage se transmet aussi de façon collective. Chez les trotskystes, «l’art d’hériter» passe par «l’espérance révolutionnaire» et la «fidélité aux textes». En France, la jeunesse militante communiste de 1920 se politise sur un mythe: la vocation révolutionnaire du prolétariat. Durant la première partie du XXe siècle, les colonies de vacances des paroisses catholiques ou des sections communistes sont porteuses d’un projet politique. Parfois, l’héritage se transforme en explosion. Ce fut le cas après la dissolution du Parti communiste italien en 1991, qui deviendra les Démocrates de gauche, puis le Parti démocrate, alors qu’une minorité crée Refondation communiste. Chez les nazis, l’héritage est avant tout «biologique». Dans tous ces processus, la famille joue un rôle central: «Aujourd’hui, remarquent les deux historiens, un Français sur deux s’inscrit dans la continuité des choix de gauche ou de droite de ses parents.»