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La retraite des femmes au coeur des débats

La conférence des femmes d'Unia s'est tenue à Lugano. Elle a débattu de la place des femmes dans le syndicat entre autre

Jamais autant de militantes ne s'étaient réunies à l'occasion d'une conférence des femmes d'Unia. Elles étaient 102, les 22 et 23 juin derniers à Lugano, pour deux jours d'intenses discussions. Une quarantaine de secrétaires syndicales étaient aussi présentes. Ensemble, elles ont débattu de la stratégie du syndicat qui sera l'un des points forts du Congrès ordinaire d'Unia de fin novembre. Elles ont abordé cette stratégie d'un point de vue féminin, avec notamment la problématique de la signification de l'organisation des femmes dans le syndicat. Un autre sujet a occupé les déléguées: la question des retraites, où la discrimination est forte en raison du nombre de femmes travaillant dans les secteurs à bas revenus ou à temps partiel, comme c'est souvent le cas dans le secteur tertiaire. Une résolution sur le sujet a été adoptée. Les femmes d'Unia y apportent leur soutien au projet d'AVS+ de l'Union syndicale suisse (USS) et réaffirment leur opposition à toute baisse des rentes et à tout relèvement de l'âge de la retraite. Les déléguées ont également élu la commission des femmes du syndicat. Elle est composée de 26 militantes, représentant toutes les régions d'Unia. Ursula Mattmann de Zurich a été réélue à la présidence de la commission.
Eclairage avec Corinne Schärer, secrétaire en charge de l'égalité à Unia.

Quelles ont été les conclusions de cette conférence en relation avec la stratégie d'Unia qui sera discutée au Congrès?
Nous allons faire des propositions pour renforcer les groupes d'intérêt femmes dans les régions, afin d'associer plus de personnes à leurs activités. Les femmes ont déjà une forte présence dans le syndicat, car le secteur tertiaire est très féminisé. Mais il est important qu'Unia apparaisse davantage comme étant aussi le syndicat des femmes. La part de celles-ci y a beaucoup progressé pour se porter aujourd'hui à presque 22% des membres. Nous souhaitons continuer cette progression et fixer, dans la stratégie du syndicat, l'objectif de 25% au moins d'adhérentes.

La conférence a bien été fréquentée...
Nous n'avons jamais été aussi nombreuses. Cela témoigne d'un déblocage de l'identité d'Unia aux yeux des femmes, dû entre autres aux nombreuses activités déployées, par exemple pour la journée du 8 mars, la grande manifestation des femmes en 2010, l'anniversaire de la grève des femmes du 14 juin, l'égalité ou le salaire minimum. Nous avons aussi fait un effort de formation, mais il n'est pas suffisant en comparaison à ce qui se faisait il y a 10 ou 20 ans. Le projet Unia Forte nous a montré que nous devions offrir aux femmes plus de possibilités de se former afin qu'elles connaissent leurs droits, que ce soit sur les assurances sociales ou leur travail. Les femmes ayant acquis ces connaissances participent en effet davantage aux activités et sont plus actives, y compris sur leurs lieux de travail.

La conférence a adopté une résolution sur les retraites. Y a-t-il une échéance particulière?
Les femmes ayant un bas revenu ou travaillant à temps partiel sont très pénalisées par le système actuel. 20% des femmes actives ne sont pas assurées dans une caisse de pension (contre 4% des hommes), car elles ne gagnent pas suffisamment. Arrivées à l'âge de la retraite, elles ne touchent que la rente AVS et n'arrivent pas à subvenir à leurs besoins. Elles doivent recourir aux prestations complémentaires. Or la Constitution fédérale prévoit que les rentes doivent couvrir les besoins vitaux. Notre résolution exige en priorité le renforcement de l'AVS pour empêcher la pauvreté, cette dernière touchant davantage les femmes lors de la retraite. Sur cette base, nous ferons des propositions d'amendement au texte d'orientation sur les retraites qui sera discuté au congrès d'Unia.

Quelle sera la principale exigence des femmes?
Nous allons souligner qu'il est vraiment important de développer l'AVS dans le sens de la proposition d'AVS+ présentée par l'USS. C'est-à-dire d'augmenter les rentes minimales et maximales afin que l'AVS couvre les besoins vitaux des travailleuses arrivées à la retraite.

Ne serait-il pas aussi possible de modifier la loi sur les caisses de pension pour corriger les graves discriminations à l'égard des femmes?
Nous avons effectué divers calculs. Il s'est avéré qu'en abaissant ou en supprimant le montant de coordination pour que les femmes à bas salaire ou à temps partiel puissent bénéficier du 2e pilier, il n'est pas possible d'améliorer ces lacunes. Car cela impliquerait qu'elles cotisent beaucoup plus pour ne toucher, à la retraite, qu'une toute petite différence de rente. C'est pour cela que du point de vue des femmes ayant des bas revenus, seul le renforcement du 1er pilier, de l'AVS, permettrait de rétablir un peu d'égalité au moment des vieux jours. 

Propos recueillis par Sylviane Herranz