La Société suisse des entrepreneurs diffuse des fake news
Cette semaine, la Société suisse des entrepreneurs (SSE) a lancé par voie de communiqué et auprès du «Tagesschau» de la SRF, la télévision alémanique, une polémique, en accusant les syndicats de «détournement des fonds» destinés à la protection salariale et à la formation. Les retenues opérées sur les salaires des maçons serviraient, par des rétrocessions aux syndiqués, au «financement croisé des cotisations». «Ce sont des accusations complètement sans fondement», a contesté le responsable du secteur construction d’Unia, Nico Lutz, interrogé par la SRF. L’élaboration et le contrôle des conventions collectives de travail (CCT), qui garantissent les conditions d’engagement et de travail, ont un coût. Pour éviter que celui-ci ne soit supporté que par les travailleurs syndiqués et que des non-membres bénéficient de bonnes conditions sans avoir rien à débourser, plusieurs CCT prévoient des remboursements de cotisations, a rappelé le syndicaliste. «Ce n'est pas un remboursement au syndicat, mais un remboursement aux membres afin qu'ils n'aient pas à payer deux fois.» Soit la cotisation en plus de la déduction salariale.
Dans un communiqué publié dans la foulée, Unia et Syna se montrent transparents: en excluant les fonds régionaux, les prestations d’applications de la Convention nationale (CN) du secteur de la construction sont indemnisées moins de 3 millions de francs aux syndicats. Par contre, la SSE, elle, empoche plus de 5 millions, auxquels s’ajoutent environ 25 millions pour la formation, c’est-à-dire plus de 30 millions! Ou l’arroseur arrosé.
Reste qu’Unia et Syna déplorent une «attaque frontale irresponsable» contre le partenariat social: «Après avoir échoué dans ses dangereux projets de démantèlement lors des trois dernières négociations sur la CN, la direction de la SSE semble désormais prête à utiliser tous les moyens pour faire passer son agenda.»