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La souffrance au travail perdure à La Méridienne

EMS La Méridienne.
© Olivier Vogelsang

Malgré les dénonciations de dérapages de salariés, l’ouverture d’enquêtes tarde à l’EMS genevois La Méridienne.

Les syndicats Unia et Sit dénoncent l’inaction des autorités et de la direction de cet EMS genevois

Unia et le Sit dénoncent l’inaction des autorités genevoises et de la direction de l’EMS La Méridienne. S’appuyant sur une dizaine de témoignages d’employés, les deux syndicats avaient, fin janvier, alerté la Direction générale de la santé et le Ministère public sur des dysfonctionnements et des cas de maltraitances envers des résidents. Le comportement jugé brutal du directeur de cet établissement accueillant des patients souffrant de troubles psychiatriques avec perte d’autonomie était mis cause. Unia et le Sit pointaient des atteintes à la personnalité de membres du personnel de la part du responsable, par ailleurs actionnaire de la société gérant cet EMS niché à Conches. Le Département de la santé avait indiqué ouvrir une enquête administrative et suspendre le directeur, tandis que, de son côté, l’établissement annonçait une enquête interne et le départ en retraite anticipée du cadre incriminé.

Or, plusieurs mois ont passé et ces enquêtes n’ont toujours pas débuté. Si, dans une circulaire interne, le directeur par intérim a bien confirmé que cette enquête allait démarrer, il a invité le personnel à «remettre les comptes à zéro» et à éviter une «chasse aux sorcières».

Tension palpable

Il y a pourtant urgence à agir, car la souffrance au travail perdure, assurent des salariés qui ont témoigné la semaine dernière devant les médias. «Le management de la terreur se maintient», affirme un salarié. «Malgré le départ de l’ancien directeur, la situation n’a fait que se dégrader, la tension est palpable. Les personnes engagées par lui sont conservées à leurs postes malgré leurs lacunes, voire leur malveillance. Et nous n’arrivons pas à nous faire entendre par la direction», souligne un autre collaborateur. «Il y a une division à l’interne. Les proches de l’ex-directeur profitent de leur statut privilégié pour, par exemple, partir avant la fin de leur service et peuvent se montrer irrespectueux envers leurs collègues. Nous sommes démunis et à bout de souffle», témoigne encore une employée. Sur un effectif d’une trentaine de personnes, sept étaient récemment en arrêt maladie. Cette ambiance délétère, on s’en doute, dégrade la qualité de l’encadrement et des soins. L’ex-directeur siège toujours au conseil d’administration de la société propriétaire de l’EMS et son remplaçant s’est refusé à rencontrer les syndicats.

Unia et le Sit réitèrent cette demande de rencontre. Les syndicats veulent aussi obtenir la transparence sur le mandat de l’enquête interne et la garantie de l’anonymat du personnel appelé à témoigner. Ils exigent la réintégration de quatre salariés licenciés pour avoir tenté de dénoncer les dysfonctionnements et la protection des lanceurs d’alerte. Ils réclament également à l’Etat l’ouverture d’une enquête externe et la mise en place d’un système de contrôle efficace.

«Un profond mépris envers le personnel»

«L’ancien directeur a toujours agi avec un profond mépris envers le personnel», affirme un salarié, qui assure aussi avoir assisté à des «humiliations répétées induisant une mauvaise prise en charge des résidents». «Il pouvait par exemple imposer à un résident de manger dans une minuscule assiette, alors que les autres avaient le droit à de la vaisselle normale.» Les témoignages font état d’une consommation d’alcool durant les heures de travail. «J’ai vu à de multiples reprises l’ex-directeur ivre sur son lieu de travail, titubant entre les résidents, avec des difficultés à s’exprimer», se remémore une ancienne employée. «La Méridienne est un outil magnifique, le projet est nécessaire et louable, mais il a été pollué par cette prise en charge des résidents, qui sont les premiers à souffrir de ce management», conclut un ex-collaborateur.

Interrogé au mois d’avril par Le Courrier et la Tribune de Genève, le cadre incriminé a, par la voix de son avocat, «fermement contesté» les reproches qui lui sont faits. Tout juste reconnaît-il, «dans le contexte de son départ à la retraite», sa participation à «deux déjeuners festifs où de l’alcool a été consommé», ce qu’il regrette. Il prétend avoir «toujours eu à cœur de respecter les droits des résidents» et qu’à «aucun moment, la marge d’appréciation réservée aux équipes de prise en charge n’a été dépassée».

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