Machinerie infernale
La situation de la famille comme la violence de l’intervention policière ont généré la réaction scandalisée de cinq députés. Jean-Michel Dolivo, d’Ensemble à gauche, a déposé au Grand Conseil une interpellation cosignée par Alexandre Démétriadès, PS, et Serge Melly, d’Alliance du centre. Cette dernière demande au Conseil d’Etat «s’il n’a pas perdu tout sens de la mesure et de l’humanité» en renvoyant de force la famille avec ses trois enfants mineurs et exige plusieurs précisions. Le député d’Ensemble à gauche a posé également deux questions orales (voir ci-dessous). Il a dénoncé l’absence de prise en compte de l’autisme de l’enfant qui «court un grave risque de décompensation» mais aussi de la fragilité de la santé des parents aux risques suicidaires attestés par des certificats médicaux. Des éléments qui auraient dû rendre le renvoi inexécutable. «Nous interrogeons le Conseil d’Etat sur ces questions et sur la brutalité du renvoi. Comment peut-il, dans de telles circonstances, se regarder dans un miroir?» Raphaël Mahaim, des Verts, a insisté sur la mise en œuvre d’une «machinerie infernale», fustigeant une «tendance lourde» du Secrétariat aux migrations (SEM) à ne plus prendre en compte l’état de santé personnel de requérants déboutés lors de renvois. Il a aussi vivement critiqué le recours par le SEM à la société médicale privée Oseara AG chargée d’évaluer l’aptitude des personnes à être renvoyées dans leur pays d’origine et à accompagner les vols spéciaux. «C’est une farce monumentale. Une filouterie de la machinerie infernale. La société engrange des bénéfices en donnant son consentement, fit to fly (apte à voler, ndlr).» L’homme a aussi décrié les sanctions financières prévues par la Confédération lors de la non-exécution de renvois. «Monnayer des vies humaines, c’est une atrocité. Une déshumanisation totale.» La question de l’intérêt supérieur de l’enfant a encore été soulevée par Alexandre Démétriadès qui s’est également interrogé sur la non-reconnaissance des avis formulés par des médecins du canton et l’usage de mesures de contrainte qui ne devrait intervenir qu’en dernier recours, comme stipulé dans la loi. Alors que Serge Melly, parlant de l’expulsion, a évoqué un «procédé d’un autre âge» qui n’a pas seulement choqué les habituels défenseurs de d’asile. La participation à la conférence de presse du Vert libéral Régis Courdesse lui a donné raison, ce dernier ayant estimé lui aussi le cas délicat et fait valoir sa «conscience humaniste».