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A Lausanne, les guichets d’Unia font le plein

Permanence d'Unia, Lausanne.
© Olivier Vogelsang

Ouverte aux syndiqués comme aux non-membres, la permanence sans rendez-vous d’Unia à Lausanne traite une large variété de demandes. On y vient à la suite d’un licenciement, pour poser des questions sur sa fiche de paie, obtenir des conseils sur la prévoyance professionnelle ou encore obtenir une aide pour des démarches administratives.

A la place de la Riponne, le syndicat ouvre ses portes aux travailleurs et aux travailleuses qui rencontrent des problèmes dans leur emploi ou leurs démarches sociales. Immersion.

Un homme s’avance vers le guichet. «Je suis membre du syndicat», dit-il. Le secrétaire syndical Javier Carcedo lui tend la main: «Salut, ça va? Qu’est-ce que je peux faire pour toi?» Ici le tutoiement est de rigueur et le syndicaliste sait mettre en confiance le travailleur. Ce peintre en bâtiment souffre d’arthrose, il a été en arrêt à deux reprises pour cette raison et il vient d’être licencié. «Montre-moi ta lettre de congé. Je ne comprends pas à quelle date tu dois terminer. On peut faire deux choses: soit tu vas les voir, soit je leur téléphone.» Le salarié ira lui-même demander des éclaircissements, le secrétaire syndical lui laisse son numéro pour faire le point ensuite. «Est-ce que j’ai le droit au chômage?» demande-t-il. «Bien sûr, mais tu devrais retrouver du boulot rapidement, on va t’aider à faire un CV et une lettre de motivation.»
Ouverte aux syndiqués comme aux non-membres, la permanence sans rendez-vous d’Unia Vaud à Lausanne, sise place de la Riponne, ne désemplit pas. On y vient à la suite d’un licenciement, pour poser des questions sur sa fiche de paie, obtenir des conseils sur la prévoyance professionnelle ou encore une aide pour des démarches administratives. «Notre objectif est de fournir des réponses et de trouver des solutions rapidement ou d’orienter les personnes ailleurs», explique Javier Carcedo. «Souvent, il suffit d’un coup de téléphone à l’employeur ou à l’administration pour régler le problème», souligne la juriste Stella Gumy. Si besoin, les membres sont reçus plus longuement par un secrétaire syndical ou un juriste.

«Ça fait une semaine que j’attends mon salaire»
Arrive un menuisier âgé en arrêt depuis l’année passée en raison d’une maladie du poumon. Puis, un travailleur plus jeune avec un problème au genou: «Ça fait une semaine que j’attends mon salaire, quand est-ce que je vais le toucher?» Reflet du monde du travail, la permanence accueille nombre de salariés malades ou accidentés. «Il y a toujours beaucoup de questions concernant les indemnités, car c’est l’employeur qui les touche avant de les reverser», indique Javier Carcedo. «Mille mercis», lance le menuisier à Stella Gumy avant de repartir.
Deux jeunes femmes travaillant dans une grande enseigne se présentent à l’accueil. «Je suis en couple avec un autre collaborateur et on nous empêche de prendre nos vacances ensemble», dit l’une. L’autre cumule 90 heures supplémentaires et n’arrive pas à poser des jours de congé. Javier Carcedo conseille à la première, qui a obtenu un entretien, de bien se préparer, de présenter ses arguments et de conserver une trace écrite de l’entrevue. Stabilo Boss en main, il parcourt avec la seconde les passages de la convention collective de l’entreprise concernant les congés et la compensation des heures supplémentaires.

Sans rendez-vous
La permanence permet de toucher des salariés difficilement accessibles sur leurs lieux de travail ou empêchés d’y parler librement du fait de la promiscuité, par exemple dans le commerce de détail, la restauration ou le nettoyage. 
L'exercice favorise également la remontée des informations vers le syndicat. Depuis mai, la permanence est ouverte sans rendez-vous pour toutes les questions simples. Cette nouvelle formule est à l'essai jusqu'en décembre. Javier Carcedo constate qu'une grande partie des membres repartent avec une solution, tandis que les demandes de rendez-vous avec les secrétaires syndicaux diminuent, ce qui les décharge. Le projet a pour ambition d'améliorer la qualité du service aux membres. «Pour moi, le syndicat doit être ouvert et accessible à tout le monde.» Le guichet de Lausanne sert aussi à préparer aux réalités du terrain. «C'est un bon  endroit pour former des secrétaires syndicaux», note le syndicaliste.
Javier Carcedo reçoit ensuite un jeune couple. Lui a besoin d’aide pour une demande de permis de cariste, elle a une question concernant les impôts. Polyglotte, le secrétaire syndical passe du français à l’espagnol avant de se débrouiller en portugais.

«Ils sont rudes au chômage»
Stella Gumy accueille, de son côté, un membre qui attend le remboursement d’une facture. Le problème est réglé après un coup de fil. Puis, c’est le tour d’une dame qui s’est fait licencier pour «juste motif» d’un restaurant: elle s’est servie dans le frigo de l’établissement. La Caisse cantonale de chômage a prononcé une suspension de 59 jours d’indemnisation et la travailleuse se voit privée de trois mois de revenu. «Le vol est considéré comme un élément grave et la sanction prévue dans ce cas est comprise entre 31 et 60 jours de suspension. Je considère toutefois que la sanction est excessive. Comme vous êtes membre, je peux rédiger une opposition et essayer de la faire baisser. Si la suspension est ramenée à 40 jours, cela représente un mois de chômage.» Pour palier la perte de revenu, Stella Gumy conseille à la travailleuse de s’adresser à l’aide sociale. «Trois mois de suspension en plus du licenciement, c’est une double peine, c’est horrible, ils sont rudes au chômage», confie la juriste en aparté.
Un demandeur d’emploi sur dix est pénalisé financièrement par le chômage, souvent par méconnaissance du fonctionnement de l’assurance. Il est toutefois possible de s’opposer à une sanction dans un délai de trente jours.
«Syndicat Unia, Lausanne, bonjour.» Derrière les guichets, Juan Fernandez, casque audio sur la tête, répond, lui, aux téléphones. «Nous essayons d’offrir le maximum d’informations», explique le secrétaire administratif. Entre deux appels, le permanent, comme l’ensemble de l’équipe administrative, ne chôme pas: «Il faut traiter les mails, les courriers, les admissions, les démissions, les demandes de transfert, les demandes LPP… C’est vaste!»

«Mon employeur me fait des mauvais coups»
Javier Carcedo fait maintenant face à un homme inquiet: «Je travaille dans une régie immobilière, mon employeur me fait des mauvais coups, il envoie des mails en mon nom, je ne sais pas quoi faire, j’ai envie de démissionner, mais je crains d’être sanctionné, c’est le seul salaire de notre ménage, je suis un peu paumé…» Le secrétaire syndical rassure et délivre ses conseils.
Stella Gumy remarque: «Lausanne est plein de patrons bandits, on a parfois l’impression d’être au Far West.»
Malgré tout, Javier Carcedo ne cache pas apprécier ce travail: «La majorité des personnes qui viennent nous voir sont, certes, dans des situations précaires et il y a une partie de travail ingrat. Mais il y a aussi le contact humain et un côté gratifiant. Quand nous arrivons à récupérer de l’argent, ça fait plaisir de voir la personne satisfaite.» 

«La majorité des personnes qui viennent nous voir sont dans des situations précaires et il y a une partie de travail ingrat. Mais il y a aussi le contact humain et un côté gratifiant. Quand nous arrivons à récupérer de l’argent, ça fait plaisir de voir la personne satisfaite», note Javier Carcedo. (Photo Olivier Vogelsang) 

Sourires et serviabilité. Stella Gumy, juriste, fait elle aussi partie de l’équipe de l’accueil, offrant ses conseils avisés sur les sujets les plus divers. (Photo Olivier Vogelsang) 

La permanence d’Unia à Lausanne, place de la Riponne, est ouverte le lundi, mardi et jeudi de 9h à 12h et de 13h30 à 18h. Le samedi de 9h à 11h se tient aussi une permanence syndicale sans rendez-vous. Pour les permanences des autres districts vaudois, consultez la page vaud.unia.ch/secretariats, et pour les autres cantons romands, rendez-vous sur le site unia.ch.

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