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Le cinéma, sa passion

Freddy Landry, lors de la présentation du film Un mois de grève au pays de la paix du travail, aux anciens de l’usine Dubied, à Couvet en septembre 2016.
© Neil Labrador

Freddy Landry, lors de la présentation du film Un mois de grève au pays de la paix du travail, aux anciens de l’usine Dubied, à Couvet en septembre 2016.

Hommage à Freddy Landry

Il y a des gens comme cela: ils ont une passion, ils s’y tiennent, ils veulent la faire partager. Pour Freddy Landry, c’était le cinéma. Il l’avait chevillé au corps.

Professeur de mathématiques, il parlait à ses élèves (presque) autant des matières qu’il enseignait que du cinéma et des derniers films que l’on pouvait voir – que l’on devait voir. Il évoquait souvent avec passion les films qu’il avait aimés. Les autres ne méritaient pas d’être mentionnés. Pour être le plus proche possible des films projetés, il a toujours eu pour principe de s’installer au premier rang.

Il communiquait son enthousiasme aux ados qui suivaient ses cours, mais aussi aux lectrices et aux lecteurs des centaines et des centaines d’articles qu’il a écrits dans différents journaux régionaux, et dans la presse syndicale. Dans La lutte syndicale, devenue L’Evénement syndical, il a livré pendant plus de trois décennies une chronique mensuelle pour y présenter les plus récentes sorties sur les écrans romands.

Il a lancé et animé des ciné-clubs qui proposaient des films majeurs (pour autant que les distributeurs veuillent bien les louer). Grâce à la Cinémathèque suisse, créée par Freddy Buache, la projection de films anciens donnait la possibilité de découvrir certaines des œuvres marquantes de l’histoire du cinéma. S’établissait ainsi un lien entre le passé et le présent; une filiation qui permettait, et qui permet toujours, d’affirmer que le cinéma n’est pas seulement un divertissement, mais un art, le 7e.

Dès les années 1960, Freddy Landry, avec d’autres bien sûr, participe notamment à la création des Journées du cinéma de Soleure. Le Festival du film de Locarno est tout naturellement un rendez-vous estival incontournable. Il fait du lobbying (on ne connaissait pas ce mot à l’époque) pour que les Chambres fédérales adoptent une loi sur le cinéma qui permette d’encourager et de soutenir la création cinématographique. Il intervient pour la suppression des commissions de censure qui décident si un film peut être projeté ou non, et à partir de quel âge on peut le voir – mais oui, il existait des commissions de censure!

Pour comprendre l’enthousiasme de Freddy Landry pour le cinéma, il est bien de se replacer dans le contexte des années 1950 et 1960. La télévision est encore dans l’enfance. Elle raconte tout en noir et blanc. Elle ne diffuse pratiquement pas de films. Personne n’imagine qu’un jour existeront des ordinateurs portables, des téléphones portables, des tablettes portables. Sans parler, évidemment, des réseaux sociaux. Le cinéma, mieux qu’aucun autre moyen de communication, proposait alors des images, des récits, des histoires, sombres ou drôles, et en couleur!

Avec sa femme Micheline, ils produisent des films pour permettre à de jeunes gens qui aspirent à devenir cinéastes, de tourner leurs premières œuvres. Souvent des courts métrages, finances obligent. Très récemment encore, Freddy et sa fille Véronique avaient repris le film réalisé par Frédéric Godet en 1976 lors de la grève des usines Dubied, dans le canton de Neuchâtel, en y ajoutant des témoignages d’ouvriers, pour en proposer une version, parue aussi en DVD, intitulée Un mois de grève au pays de la paix du travail.

Pas de doute: s’il l’avait pu, il aurait poursuivi sa passion.