Témoignages
Christelle Michel
«C’est un moment important que d’être là pour le compte à rebours, une occasion d’informer encore plus largement. Je vais faire tout mon possible pour préparer la grève durant ce dernier mois. Participer au collectif féministe m’a permis d’être encore plus sensible à la question, d’affiner mes positions quant aux subtilités du sexisme ordinaire, dans notre quotidien, notre couple, notre famille, au fait que tout ce qui touche au féminin est si souvent dévalorisé. Par exemple, une femme qui défend son opinion en prenant la parole de manière vive sera vite taxée de castratrice ou d’émotionnelle, alors qu’un homme sera perçu comme ayant du caractère. C’est le cas souvent en politique et dans l’espace public. Face au harcèlement de rue, lorsque l’on sort le soir, on fait attention à ce que l’on porte, à notre itinéraire, à prendre un taxi au retour. Un homme ne se pose jamais ces questions. Au musée de l’Elysée, où je travaille, nous sommes de plus en plus attentives à la représentativité des femmes photographes. Reste que les inégalités sont encore nombreuses.»
Martine Meylan
«J’espère la mobilisation la plus large possible le 14 juin, sous toutes les formes. En 1991 (elle porte le badge de la première grève des femmes, ndlr), j’avais organisé un pique-nique avec des voisines de mon immeuble et nos enfants. Je venais d’arriver à Cossonay. En campagne, ce n’était pas trop dans l’air du temps de manifester. Je me souviens du petit sourire condescendant des hommes qui nous regardaient et n’avaient pas participé à cette journée. Depuis, ça a heureusement évolué. Cette année, à Cossonay, nous organisons un stand, muni notamment de livres pour enfants qui détricotent les genres. Un fil de lessive de T-shirts aux slogans féministes devrait être suspendu et une banderole préparée avant de se rendre à la manifestation à Lausanne.»
Jenny Ros
«Je me suis toujours revendiquée féministe. Mais j’ose peu prendre la parole en public, et je me suis rendu compte il y a quelques années seulement que ce n’était pas tant un trait de caractère que celui d’avoir été socialisée en tant que femme. Ma fille est née il y a deux mois et demi. Le fait de devenir mère me fait vivre concrètement les inégalités. Mon compagnon, urbaniste dans le privé, n’a eu droit qu’à un seul jour de congé paternité. Il a pris deux semaines de vacances sur ses quatre annuelles. La nuit, c’est lui qui l’entend pleurer avant moi… donc l’instinct maternel est peut-être à relativiser. De mon côté, comme je suis en congé maternité, je suis assignée aux tâches intérieures. Lui, continue d’évoluer dans son métier. Mais j’ai beaucoup de chance, car mon employeur me paie la totalité de mon salaire de chargée de recherche pendant quatre mois, et un mois d’allaitement en plus. J’espère que ma fille vivra dans une société plus égalitaire, avec plus de partage des tâches, des congés paternité plus longs, et qu’elle ne sera jamais victime de violence ou de harcèlement. J’aimerais qu’à l’école, elle soit encadrée par des personnes sensibilisées aux questions de genre qui lui donneront des outils pour se battre.»