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«Nous sommes le cri de celles qui n’ont plus de voix»

Rassemblement à Lausanne contre la violence faite aux femmes.
© Olivier Vogelsang

Le 25 novembre, Journée internationale de lutte contre la violence faite aux femmes, plusieurs rassemblements ont été organisés en Suisse, comme ici, à Lausanne. Deux jours plus tôt, une manifestation nationale réunissaient à Berne quelque 10 000 personnes.

A l’occasion de la Journée internationale de lutte contre la violence faite aux femmes, des actions ont eu lieu dans toute la Suisse.

Une fois n’est pas coutume, une manifestation nationale contre les violences sexistes et sexuelles a été organisé par plus de 90 organisations, syndicats et partis politiques à Berne le samedi 23 novembre. Selon les organisatrices, malgré le froid et la neige, 10 000 personnes ont répondu présentes, marquant le coup d’envoi de la campagne de prévention «16 jours contre la violence». 
Le 25 novembre, Journée internationale de lutte contre la violence faite aux femmes, elles étaient nombreuses à se rassembler à Genève (voir vidéo ci-dessous).
A Lausanne, plus de 200 personnes se sont réunies sur la place du 14-Juin. «Nous sommes le cri de celles qui n’ont plus de voix», peut-on lire sur une des banderoles. Celles-ci frappent par leurs motifs de fleurs, leurs couleurs et leur poésie, en contraste avec les raisons du rassemblement. «Pleurer, se battre, guérir ensemble», peut-on lire également. Derrière les bougies dont les flammes oscillent, fragiles dans le vent, les torches couleur sang brûlent avec force. Des femmes de plusieurs collectifs féministes prennent la parole pour dénoncer les violences quotidiennes, les féminicides, les discriminations.
Elles se réjouissent aussi de deux avancées importantes arrachées grâce à la mobilisation collective. La première: les femmes migrantes victimes de violences conjugales peuvent conserver désormais plus facilement leur permis de séjour en cas de séparation. La seconde: une ligne téléphonique nationale sera accessible sept jours sur sept, 24h sur 24, en 2025. «C’était l’une de nos revendications de longue date. C’est un premier pas», souligne une militante du collectif de la Grève féministe. 

Encore beaucoup à faire
Les revendications restent nombreuses: la protection des victimes d’inceste, encore invisibilisées, des personnes trans et des femmes en situation de handicap dont les risques d’être victimes de violence sont démultipliées; la mise en place d’un Observatoire de violences sexistes et sexuelles pour le canton de Vaud; des formations obligatoires et continues pour toutes les personnes impliquées dans la prise en charge des victimes; un renforcement des ressources et du financement pour les associations et les structures d’accueil; ainsi qu’une politique éducative volontariste «pour que les nouvelles générations grandissent avec des valeurs d’égalité, de consentement et de respect». 
Une représentante de Polyquity – Association promouvant l'égalité sur le campus de l'EPFL – énumère les critiques, le mépris et la délégitimation subis par les femmes dans cet univers encore très masculin; une membre de Clash – Collectif de Lutte contre les Attitudes Sexistes en milieu Hospitalier – s’insurge elle aussi contre les comportements sexistes et la hiérarchie malsaine régnant au sein du CHUV entraînant des troubles anxieux, impactant les performances des étudiantes, jusqu’à leur faire changer de carrière précocement. 

85 000 féminicides
Il y a aussi une mère qui porte à bout de bras la photo de sa fille, Kelly, jeune femme de 23 ans tuée par son ex-petit ami, et ose courageusement quelques mots au micro pour dire avec pudeur que «ça suffit!». Le collectif «Offensive contre les féminicides» dénonce ces «crimes de possession»: «En Suisse, une femme est assassinée toutes les deux semaines. C’est la forme ultime de la violence sexiste et patriarcale fortement liée au capitalisme. D’où la nécessité d’un changement de société radical». Des estimations de l’ONU sont relayées: 85 000 femmes ont été tuées de manière intentionnelle en 2023 dans le monde, majoritairement par des proches. 
Tout au long du rassemblement, «Jin, Jiyan, Azadi!» («Femme, Vie, Liberté!» en kurde) retentit à plusieurs reprises en soutien avec les femmes opprimées de Turquie, d’Afghanistan, d’Iran, du Soudan. Des militantes rappellent la dimension internationaliste de la lutte. Elles expriment leur solidarité avec la population palestinienne à Gaza, dénonçant la violence coloniale et le génocide en cours…
Aux slogans contre le patriarcat font écho les instruments et les voix de la fanfare militante de Lausanne qui entame, entre autres chants révolutionnaires, Bella Ciao, l’Hymne des femmes et une variante: «Mujeres unidas jamás será vencidas!» 

À Genève 

Une vidéo de Virginie Zimmerli