Au grand regret de l’Union syndicale suisse, le gouvernement s’est opposé à son initiative visant à rehausser le niveau des retraites. Mais les syndicats n’ont pas dit leur dernier mot…
Lors de sa séance du 24 novembre dernier, le Conseil fédéral a été clair: pour lui, le financement des coûts supplémentaires qu’engendrerait une treizième rente AVS n’est pas assuré. C’est donc sans surprise qu’il a recommandé au Parlement de rejeter l’initiative populaire de l’USS «Mieux vivre à la retraite». Dans son communiqué, le gouvernement dit plutôt vouloir donner la priorité aux réformes en cours de la prévoyance vieillesse, «qui visent à maintenir le niveau des prestations de l’AVS et du régime obligatoire de la prévoyance professionnelle tout en garantissant l’équilibre financier du 1er et du 2e pilier».
Double peine pour les femmes
Pour rappel, cette initiative demande la mise en place du versement supplémentaire d’une rente AVS, sur le même principe qu’un 13e salaire. Cela représenterait une hausse de 8,33% de la rente annuelle, et les principaux bénéficiaires seraient les salariés à bas ou moyen revenu.
Pour la faîtière syndicale, c’est un refus des autorités de voir la réalité que vit la population en matière de retraites. «Aujourd’hui, la moitié des nouveaux retraités touchent une rente mensuelle inférieure à 3439 francs, en prenant en compte l’AVS et la LPP», souligne le communiqué de presse de l’USS. Les femmes sont encore plus concernées, car un tiers d’entre elles touchent des rentes inférieures à celles des hommes vu que le 2e pilier ne tient pas compte de la garde des enfants assurée majoritairement par les femmes. «Beaucoup risquent ainsi de basculer dans la pauvreté qui frappe les personnes âgées. Et la situation s’aggrave, puisque les rentes du 2e pilier baissent depuis plus d’une décennie à cause du bas niveau des taux d’intérêt.» Après déduction des primes maladie et des loyers, force est de constater que beaucoup n’ont vraiment plus grand-chose pour vivre avec ce qu’il reste de leurs rentes.
Pour des rentes décentes pour tous
Rentes du 2e pilier en chute libre, retraites des femmes au ras des pâquerettes, rentes AVS à la traîne des salaires: cinquante ans après l’avènement du modèle des trois piliers, il apparaît que le Conseil fédéral ne tient pas ses promesses et que «la garantie des prestations prévue par la Constitution s’applique désormais à toujours moins de personnes dans ce pays», déplorent les syndicats. Ces derniers regrettent la volonté des élus à Berne de développer uniquement la prévoyance privée, accessible aux hauts salaires, alors que l’AVS reste la solution la plus efficace et la plus équitable.
L’USS ne baisse pas pour autant les bras et se montre déterminée à se battre pour son initiative, au Parlement comme dans les urnes. «Celle ou celui qui a travaillé durant toute sa vie mérite de recevoir une rente décente. Il y a assez d’argent en Suisse pour garantir cela, et pas seulement pour les tout gros salaires.»