Sites suisses permettant de visionner des films en ligne (non exhaustif):
artfilm.ch
outside-thebox.ch
festivalcinemajeunepublic.ch
filmingo.ch
cinematheque.ch
Avec la fermeture temporaire des salles obscures, cinémas et distributeurs font venir le septième art dans nos salons. Coup de projecteur sur quelques films à (re)découvrir
Salles fermées au moins jusqu’au 30 avril, festivals annulés, le cinéma se retrouve également abattu par le Covid-19. Mais en Suisse romande les exploitants et les distributeurs ont trouvé le remède en mettant en application le proverbe «si la montagne ne va pas à Mahomet, Mahomet ira à la montagne». A travers différents projets, le spectateur a la possibilité, confiné dans son salon, de visionner tant des films déjà renommés que des nouveautés originales. Ainsi, par exemple, le Festival Cinéma jeune public offre chaque deux semaines, via sa newsletter (inscription sur le site festivalcinemajeunepublic.ch), une sélection libre d’accès de courts métrages d’animation indépendants destinés aux enfants.
Autre initiative, la plateforme artfilm.ch, qui propose des films suisses, a décidé, dans le contexte actuel, d’offrir l’accès à son catalogue et ce jusqu’à la réouverture des salles. Documentaires, longs métrages et courts métrages de fiction, ce ne sont pas moins de 600 productions qui sont mises gratuitement à disposition. On y déniche, par exemple, le très instructif Made in India de la cinéaste genevoise Patricia Plattner. Ce documentaire de 1999 raconte l’histoire de 217000 femmes de l'Etat du Gujarat qui ont conçu un modèle original de syndicat. Son objectif? Organiser les travailleuses indépendantes les plus pauvres de métiers divers: celles qui travaillent à la maison, dans la rue, dans les champs, sans employeur fixe, au jour le jour.
On retrouve également dans le catalogue les reportages engagés de Stéphane Goël: De la cuisine au parlement qui retrace le combat pour le suffrage féminin en Suisse; ainsi que Prud’hommes dans les coulisses du Tribunal des prud'hommes de Lausanne, un lieu qui cristallise les tensions, les souffrances et les révoltes qui traversent un monde du travail toujours plus inégalitaire.
Prix du cinéma suisse et documentaire mexicain
Parallèlement, ce sont une trentaine de cinémas indépendants de Suisse romande qui s’associent à la maison de distribution Outside the Box pour faire vivre et revivre quelques nouveautés et notamment le long métrage Le milieu de l’horizon de la Suissesse Delphine Lehericey. Sortie sur les écrans en octobre dernier (voir notre édition du 16 octobre 2019), cette fiction, adaptation du roman éponyme du Lausannois Roland Buty qui évoque les transformations sociétales des années 1970, a depuis été couronnée aux Prix du cinéma suisse en obtenant les trophées du meilleur film de fiction et du meilleur scénario.
Le film mexicain Midnight Family, du jeune réalisateur Luke Lorentzen, effectue quant à lui sa sortie directement en ligne. Sélectionné dans plus de 200 festivals internationaux, ce documentaire est une plongée vertigineuse aux côtés de la famille Ochoa dans la mégapole qu’est Mexico City. Au sein de cette jungle urbaine de 9 millions d’habitants, le système hospitalier dispose de moins de 50 ambulances publiques. Dans les quartiers les plus favorisés, les Ochoa possèdent une des nombreuses ambulances privées qui, nuit après nuit, se met en chasse de clients solvables. En perpétuelle compétition avec leurs concurrents – le premier arrivé embarque les blessés –, la famille tente de survivre financièrement sans franchir les limites de l’éthique. Car dans ce réseau clandestin d’ambulances à but lucratif, souvent gérées par des personnes qui n’ont pas ou peu de formation et certification, beaucoup n’hésitent pas à extorquer des patients sans défense ou à refuser de transporter des accidentés dans un état critique qui n’ont pas les moyens de payer. Dans ce contexte, les Ochoa ont tendance à être une exception digne de confiance. Mais en raison des pots-de-vin exigés par la police pour fermer les yeux sur cette industrie illégale et corrompue, la faillite guette et l’insécurité financière commence à affecter leur façon de traiter les malades, ainsi que l’explique le réalisateur qui les a suivis en immersion à l’arrière de leur véhicule durant six mois: «Au fur et à mesure que la pression s’est intensifiée, les lignes que j’espérais qu’ils ne franchiraient pas se sont rapprochées de façon effrayante.» Et le cinéaste de préciser: «J’ai remis en question ma perception du bien et du mal, je n’arrêtais pas de me demander: que ferais-je dans leur situation? Quelle est la meilleure alternative?» Viscéral et émouvant, le film vient mettre le doigt sur les dérives risquées lorsque le système de santé cesse d’être un service public pour devenir un business. Disponibles sur outside-thebox.ch, Le milieu de l’horizon et Midnight Family sont accessibles pour la somme de 10 francs, un montant qui permet de soutenir les cinémas indépendants de Suisse romande et partenaires du projet durant ces temps troublés et en attendant que les projecteurs puissent se rallumer.