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Le nombre de syndiqués continue de s’éroder en Suisse
Les chiffres 2020 des effectifs de l’Union syndicale suisse présentent de nouveau une baisse. La pandémie a rendu le recrutement plus difficile, même si, dans certaines branches dites essentielles, les adhésions sont à la hausse
L’Union syndicale suisse (USS), regroupant 17 fédérations de salariées et de salariés des secteurs public et privé du pays, a publié le 7 avril dernier l’évolution de ses effectifs pour l’année 2020. Au total, la faîtière comptabilisait 329 149 membres, soit une perte de presque 8000 affiliés (-2,36%) par rapport à 2019. Ce chiffre la place toujours en tête des faîtières syndicales du pays, loin devant Travail.Suisse, centrale des syndicats chrétiens et d’associations d’employés qui comptabilise environ 140 000 adhérents.
Pour 2020, l’USS se réjouit de la progression du nombre de femmes syndiquées. Elles représentent aujourd’hui 32% des membres, avec 105 312 affiliées. L’effectif d’hommes poursuit sa lente diminution entamée il y a de nombreuses années. Il s’élève à 223 837. Cette baisse est partiellement compensée par une meilleure syndicalisation féminine. En 1985 par exemple, les femmes ne représentaient que 12,3% des 443 000 membres de l’USS. Un taux qui n’a cessé de croître depuis.
Contrairement à la tendance générale, six syndicats ont enregistré de légères hausses de leurs effectifs en 2020. C’est le cas des syndicats genevois Sit et New Wood, d’Avenir Social, de l’Association suisse des artistes de théâtre, cinéma et télévision, de l’Union suisse des artistes musiciens, et de Kapers, le syndicat du personnel de cabine. L’USS s’est aussi enrichie l’année dernière de l’affiliation du syndicat des pilotes d’Easyjet et de ses presque 300 membres.
Travail sur le terrain limité
La crise du coronavirus, qui a affecté un très grand nombre de travailleuses et de travailleurs, a rendu le recrutement dans les entreprises et dans la rue très difficile en raison des restrictions liées au Covid-19, explique l’USS. Cependant, dans les métiers essentiels au front durant la pandémie, et dans ceux fortement touchés par les arrêts d’activités, des hausses ont été signalées. En particulier chez Unia, où les effectifs se sont accrus de 6,3% dans les professions de la santé, de 4% dans le nettoyage, de 2,2% dans l’économie domestique et de 1,7% dans l’hôtellerie-restauration. De son côté, le Syndicat des services publics maintient une bonne stabilité de ses membres.
«En 2020, le contact avec les travailleuses et les travailleurs, incontournable pour le recrutement, a été rendu beaucoup plus difficile par la pandémie. Cela a pu concerner notamment les professions où le télétravail a été massivement mis en œuvre, où certaines branches ont été fortement touchées par le chômage partiel, explique Benoît Gaillard, coresponsable de la communication de l’USS. Il y a tout de même eu des progressions encourageantes dans plusieurs secteurs essentiels où les syndicats ont été particulièrement actifs, comme la santé par exemple.»
Changements structurels
Reste que le recul du nombre de membres entamé depuis de nombreuses années se poursuit. L’USS a ainsi perdu 11,5% de ses affiliés en dix ans, et même 25% en trente ans, alors que la population active a augmenté durant ces années. Comment l’expliquer? «Plusieurs secteurs comme les services postaux ou l’industrie et la construction, où les syndicats étaient traditionnellement forts, connaissent des transformations, des baisses d’effectifs et une précarisation. Les parcours professionnels sont aussi plus discontinus, souligne Benoît Gaillard. En revanche, le secteur des services est en plein développement et plusieurs fédérations s’y renforcent et prévoient d’y concentrer des efforts supplémentaires.»
A l’heure où l’avenir économique est plus qu’incertain et que le renforcement des syndicats est une nécessité pour contrer les dégradations des conditions de travail, la réflexion sur ces défis doit être menée dans les syndicats agissant directement sur le terrain. «La sortie de crise offre l’occasion d’être à l’offensive et de recruter de nouveaux collègues, note Benoît Gaillard. La nécessité de la défense collective et de l’action syndicale a été particulièrement visible pendant la pandémie.» De son côté, l’USS réfléchit d’ores et déjà aux possibilités de soutenir le travail de recrutement effectué par ses fédérations.