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Le personnel des crèches neuchâteloises veut une convention collective

Unia et le SSP ont lancé une motion populaire demandant la création d'une CCT cantonale

Le personnel occupé dans le secteur neuchâtelois de la petite enfance souffre de conditions de travail inégales et touche des salaires souvent beaucoup trop bas. Pour remédier à cette situation, les syndicats Unia et SSP ont lancé une motion populaire demandant au parlement cantonal de créer une convention collective de travail unifiée.

Les employées et employés des crèches dans le canton de Neuchâtel n'ont pas de convention collective de travail (CCT) unifiée, régissant l'ensemble des métiers qui composent cette activité. Cela se traduit par une disparité des conditions de travail et par des écarts de salaires importants, passant dans certains cas du simple au double pour une fonction similaire. «Si certaines personnes sont parfois correctement rémunérées, la plupart touchent des salaires trop bas», constate David Taillard, responsable de ce dossier à Unia Région Neuchâtel. Exemple révélateur: «Nous avons dû intervenir, avec succès, pour régler le cas d'une collègue qui gagnait 1900 francs net par mois!» s'insurge Yasmina Roduit, secrétaire du SSP (Syndicat des services publics). «Et le problème des bas salaires ne touche pas que la base de la hiérarchie. Certaines directrices de crèches gagnent par exemple 3800 francs net par mois.» A cela s'ajoutent des horaires irréguliers, parfois mal définis, un trop grand fractionnement de l'emploi et un manque de personnel qualifié.

Appel aux élus
Face à cette situation, les sections cantonales du SSP et d'Unia ont lancé à la fin de l'année dernière une motion populaire, sur mandat donné par une assemblée du personnel du secteur neuchâtelois des crèches. Cette motion demande au Grand conseil neuchâtelois (législatif) «d'harmoniser les conditions de travail dans les structures préscolaires et parascolaires par la mise en place d'une convention collective de travail». Les motionnaires préconisent à cet effet la création d'une plate-forme de négociation entre les différents partenaires. Ils demandent également d'inscrire dans la loi une référence aux CCT déjà existantes dans ce domaine (Santé 21 et Enseignants spécialisés). «Ces deux conventions sont partielles, elles ne portent que sur des métiers bien définis. Ce que nous voulons, c'est une CCT qui regroupe toutes les professions impliquées dans les crèches: éducatrices, assistantes sociales, aides de maison, femmes de ménage, directrices, cuisiniers, etc.», précise Yasmina Roduit.

Combler une lacune
Les auteurs de la motion souhaitent que cette CCT entre en vigueur le plus tôt possible. «Il y a urgence», souligne David Taillard. Il faut savoir en effet que le dossier date de 2006. Nous avions élaboré un projet qui avait été accueilli avec enthousiasme par les directrices et employées des crèches. Mais il s'est heurté à l'immobilisme des autorités. Avant les élections, les élus disaient tous (ou presque) vouloir agir dans ce sens, mais passé ces échéances, ils ont laissé ce dossier dormir dans les tiroirs ou se sont rétractés en invoquant des problèmes financiers. Le 19 juin dernier, le peuple neuchâtelois a adopté une loi sur l'accueil des enfants. Elle porte sur l'élargissement du nombre de places dans les unités préscolaires et parascolaires ainsi que sur le financement de cette extension. «Mais cette loi ne dit rien des conditions de travail. C'est l'occasion de combler cette lacune.»

Mobilisation
A côté des salaires, d'autres points devraient figurer dans cette CCT, notamment le temps de travail fixé à 40 heures, les vacances entre 5 et 6 semaines et la prise en compte du temps de préparation des activités, par exemple les achats pour le bricolage, à l'image de ce qui se pratique dans l'enseignement.
Le travail dans les crèches est souvent perçu comme une forme de bénévolat et comme un travail demandant peu de qualifications. «Ces préjugés, ajoutés au fait qu'il s'agit d'un travail essentiellement féminin, contribuent trop souvent à justifier des conditions de travail inacceptables», déplore Geneviève Hentsch, secrétaire syndicale d'Unia. «Les professions de l'enfance demandent des qualifications exigeantes. Elles méritent donc d'être reconnues et revalorisées, en particulier par des conditions de travail et des niveaux de salaires adéquats.»
A la différence d'une initiative, la motion populaire s'adresse directement au parlement cantonal, évitant ainsi de passer par la récolte d'un minimum de 4500 signatures. «Cette voie nous est donc apparue comme la plus simple et la plus rapide. Mais si elle ne devait pas aboutir, rien ne nous empêchera de lancer une initiative», avertit Yasmina Roduit.
Toutes les employées et tous les employés des crèches du canton qui souhaitent s'engager en faveur de cette CCT sont invités mercredi 15 février à 19 heures, à participer à une assemblée au secrétariat d'Unia à Neuchâtel. A bon entendeur...


Pierre Noverraz