Plus d’informations et vidéos disponibles sur le site de la campagne: vd.ch/stop-racisme
Le Bureau cantonal vaudois pour l’intégration des étrangers a lancé une campagne de prévention contre le cyber-racisme. Axes majeurs
Incitation à la haine, à la discrimination ou encore aux préjugés, les réseaux sociaux accueillent chaque jour plusieurs milliers de commentaires de ce type sur leurs pages. Selon l’étude «EU Kids Online Suisse», 21% des jeunes auraient déjà été confrontés à des contenus haineux visant des groupes particuliers de personnes sur Internet. Dans ce contexte, le Bureau cantonal vaudois pour l'intégration des étrangers et la prévention du racisme (BCI) tente depuis plusieurs années de sensibiliser la population aux dégâts que provoquent, en particulier chez les jeunes, les discours racistes. Cette discrimination à l’égard d’un individu ou d’un groupe de personnes en fonction de l’appartenance culturelle, sociale ou religieuse porte même un nom: le cyber-racisme. «Le sentiment d’impunité mais également de facilité est très fort lorsqu’on intervient sur le Net. L’écran agit comme une barrière et beaucoup n’ont souvent pas conscience des dégâts qu’ils causent», explique Amina Benkais-Benbrahim, déléguée à l’intégration et cheffe du BCI. A travers le spectre virtuel, les commentaires à connotation raciste sont souvent plus violents que dans la vie courante.
Le cyber-racisme, ça fait mal
Le BCI a donc décidé de réagir avec sa campagne de prévention «Stop racisme: préjugés et réseaux sociaux» en partenariat avec la Chambre cantonale consultative des immigrés et les Villes de Lausanne, Nyon, Renens, Vevey et Yverdon-les-Bains. Amina Benkais-Benbrahim: «Comme les outils, notamment la technologie, évoluent très rapidement au fil des années, on se doit de s’adapter à notre environnement. Notre campagne contre le harcèlement sur le web en est un bon exemple.» Cette dernière se base sur de courtes vidéos mettant en scène des personnes se faisant mal, illustrant ainsi symboliquement la souffrance provoquée par le racisme. Ces clips débouchent sur une page explicative. On y lit entre autres que détecter les fake news, se questionner sur ses propres préjugés et signaler des propos racistes ou incitant à la haine sont les trois bons réflexes à adopter sur les réseaux sociaux. Accompagnée d’outils, de quiz ou encore d’informations juridiques, l’initiative du BCI amène chacun de manière ludique à reconsidérer son action en tant qu’utilisateur. «Pour réellement faire avancer les choses, il faut que tous prennent leurs responsabilités, les plateformes comme les usagers», insiste la déléguée à l’intégration.
Un équilibre constant
Mais comment différencier un contenu discriminant de la liberté d’expression? Pour Amina Benkais-Benbrahim, la barrière est mince. D’autant plus qu’il n’existe aujourd’hui en Suisse aucune organisation spécifique chargée d’analyser les commentaires postés: «C’est très difficile de maintenir l’ordre sur Internet. On se trouve en permanence en équilibre, entre dérives racistes et liberté d’expression garantie par la Constitution. Au BCI, on se focalise principalement sur la sensibilisation et non la répression. Mais il nous arrive quand même de dénoncer des propos haineux qu’on nous rapporte.» Pour l’instant, la seule façon d’agir dans nos frontières est de dénoncer les contenus déplacés à la police, au Ministère public, à l’Office fédéral de la police (fedpol) ou anonymement aux plateformes elles-mêmes, comme Youtube ou Instagram. Pour la cheffe du BCI, le but principal de la campagne vise à sensibiliser et à favoriser une prise de conscience des utilisateurs des réseaux sociaux. Ces derniers ne réalisent pas nécessairement l’impact que peuvent avoir leurs commentaires sur ces supports. «Si l’on réussit déjà à susciter leur curiosité ou, encore mieux, à les amener jusqu’à notre page explicative, cette campagne sera une réussite.»