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Les agents de sécurité tirent la sonnette d’alarme

pieds de securitas sur un parking
© Thierry Porchet

Un sondage mené par Unia montre qu’une augmentation des salaires, une régulation du temps de travail et davantage de formation sont nécessaires dans la branche

Une large majorité des employés de la sécurité privée ayant répondu au sondage d’Unia estiment que leurs conditions de travail ne sont pas satisfaisantes. Des salaires trop bas, des changements de planning à court terme trop fréquents, des horaires trop longs, un manque de formation et un équipement inadapté sont les principales récriminations des employés. Alors que les négociations pour la révision de la Convention collective de travail (CCT) pour la branche privée de la sécurité, de force obligatoire, sont en cours entre Unia et l’Association des entreprises de services de sécurité (AESS), le syndicat a analysé les réponses de plus de 600 employés et son constat est sans appel. «Avec un salaire horaire d’entrée de 22,20 francs sans 13e salaire, le travail dans la sécurité reste précaire, principalement pour les agents auxiliaires ou à temps partiel», indique Unia dans un communiqué. Un problème aggravé par des remboursements de frais de déplacements insuffisants. «Logiquement, le personnel demande des augmentations de salaire (88% des sondés) et une meilleure compensation financière pour le travail de nuit (86%). Très répandu dans la branche, il porte atteinte à la santé et à la vie sociale et familiale. Les 70% d’entre eux demandent l’introduction d’indemnités de piquet pour compenser le fait qu’ils soient sollicités durant leurs jours de congé, ou à court terme pour répondre aux urgences non planifiées.»

Flexibilité à outrance

Agent de sécurité depuis 30 ans, délégué dans le comité suisse pour les négociations de la CCT et président de la commission du personnel de Securitas à Lausanne, Pascal Marsegan donne un exemple consternant: «Un agent de sécurité travaillant pour une entreprise romande de sécurité m’a raconté récemment qu’il recevait 5 à 6 appels téléphoniques par jour, même lors de ses congés, avant de connaître son horaire définitif du lendemain! C’est un cas extrême, mais la flexibilité demandée est l’un des facteurs de pénibilité du travail. Une situation qui n’est pas forcément seulement de la responsabilité de l’employeur, car ce sont les décisions ou indécisions des clients qui obligent les entreprises à changer leur planning au dernier moment.»

Pascal Marsegan s’estime quant à lui privilégié, la CCT d’entreprise de Securitas (qui s’applique aux employés dotés du brevet fédéral), son employeur, étant meilleure que celle de la branche. Une raison de plus pour améliorer cette dernière.

De manière générale, si la formation a progressé depuis 30 ans, selon Pascal Marsegan, elle reste minimale vu les responsabilités toujours plus grandes qui incombent aux agents de sécurité privée. «Nombre de tâches ont été transférées de la police aux agents de sécurité, comme le transfert de détenus ou la protection de certains sites, indique-t-il. D’énormes progrès restent donc à faire dans la formation, pour éviter du stress inutile – notamment en ce qui concerne les installations techniques ou les systèmes d’alarme. Un stress qui s’ajoute à la pénibilité du travail.»

Arnaud Bouverat, responsable national de la branche à Unia, renchérit: «Les agents travaillent souvent seuls et de nuit, au détriment de leur santé. Cela mérite donc une meilleure compensation. En plus, les agents restent trop peu formés. La faute à une très forte pression sur les prix et à une réglementation des activités de sécurité par le concordat romand clairement insuffisante.» Pour Unia, principal syndicat de la branche avec un millier de membres sur quelque 20 000 agents de sécurité actifs en Suisse, il s’agit de «lutter contre le dumping salarial pratiqué par des entreprises peu scrupuleuses, ou induit par des critères irresponsables des collectivités publiques dans l’adjudication des mandats de sécurité.»

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