La conférence professionnelle des maçons s’est prononcée en faveur de la nouvelle Convention nationale de la construction, non sans formuler des critiques
Quelque 150 travailleurs délégués à la conférence professionnelle de la construction d’Unia et 55 autres de Syna, réunis respectivement à Berne et à Olten, ont approuvé samedi dernier le résultat des négociations de la nouvelle Convention nationale du secteur (CN). Ce dernier a été trouvé entre les syndicats et la Société suisse des entrepreneurs (SSE) dans la nuit du 28 au 29 novembre. «La conférence professionnelle n’est pas une caisse enregistreuse. L’accord présenté a donc fait l’objet d’intenses discussions. Une majorité des participants a toutefois estimé que ce nouvel accord est dans l’intérêt de l’ensemble de la branche», indique Simon Constantin, membre de la direction du secteur de la construction d’Unia. Les critiques ont notamment porté sur l’augmentation des salaires jugée insuffisante dans un domaine en plein boom et au regard du renchérissement du coût de la vie. Cette dernière se traduit par une majoration mensuelle de 150 francs des salaires effectifs et de 100 francs pour les salaires minimums dès le 1er janvier. «Bien que cette hausse soit une des meilleures obtenues tous secteurs confondus, elle n’équivaut à une augmentation des salaires réels que pour une partie des travailleurs.» Plusieurs délégués ont aussi rappelé la problématique de la pression croissante des délais sur les chantiers et attendent des améliorations en la matière. «Différents thèmes controversés comme une limitation du temps de travail et de déplacement ou une meilleure protection en cas d’intempéries continueront à être traités dans un groupe de travail commun.»
Mobilisation payante
Le résultat négocié aura toutefois permis de repousser une attaque patronale majeure portant sur une plus grande flexibilisation du travail, «une ligne rouge» que les syndicats ont refusé de franchir. Mais ils n’ont pu en revanche faire valoir les principales revendications des intéressés. «Nous nous sommes heurtés à une position purement idéologique de la SSE», déplore Simon Constantin, soulignant les importantes divergences de vue entre les parties. Rappelons que l’accord trouvé est intervenu après neuf tours de pourparlers. Un bras de fer qui s’est aussi exprimé dans la rue avec une manifestation de 15000 maçons en juin à Zurich et des journées de protestations en octobre et novembre qui ont rassemblé tout autant de travailleurs dans l’ensemble du pays. «La solution admise est la conséquence du rapport de force construit avec les maçons. Reste que si toutes les régions s’étaient mobilisées comme la Suisse romande, nous aurions obtenu plus. Et c’est également la volonté d’Unia : devenir plus forts partout.»
La nouvelle CN doit encore être ratifiée par les représentants de la SSE qui se prononceront le 13 janvier prochain. En cas d’adoption, elle sera valable trois ans. «Si les maçons avaient refusé le résultat des négociations ou si les entrepreneurs devaient le rejeter, il y aurait alors un vide conventionnel dès janvier. Les salaires minimums et les conditions de travail minimales ne s’appliqueraient plus, le financement de la formation professionnelle continue ne serait plus assuré et l’obligation de paix du travail n’aurait plus cours» prévient Unia.