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Les maçons valaisans mobilisés

Quelque 80 maçons se sont mobilisés à Monthey.
© Thierry Porchet

Quelque 80 maçons se sont mobilisés à Monthey.

Les maçons valaisans revendiquent une augmentation de salaire. Ils ont mené plusieurs actions demandant aux patrons de revoir leur copie. Et se montrent déterminés à poursuivre la lutte.

Un menu aux saveurs revendicatrices. Quelque 80 maçons ont partagé, le 12 décembre à Monthey, un repas en commun, mobilisés en faveur d’une augmentation des salaires refusée par l’Association valaisanne des entrepreneurs (AVE). La position patronale cantonale s’inscrit dans la même ligne que celle de la Société suisse des entrepreneurs qui avait quitté fin octobre la table des négociations, opposée à une hausse générale des rémunérations. «Au motif que des revalorisations de salaires ont été consenties en 2022 et en 2023, l’AVE n’est pas entrée en matière sur notre demande. Nous n’avons rien obtenu. Ni au niveau national, ni à celui romand, ni régional. Même pas la compensation du renchérissement du coût de la vie de 1,7%», s’est indigné Serge Aymon, responsable des secteurs de l’artisanat valaisan pour Unia, dressant un état des lieux des dernières démarches entreprises dans ce sens. Et cela alors que le matin, des travailleurs s’étaient aussi rassemblés à la gare de Brigue et d’autres avaient pris des pauses prolongées sur des chantiers de la région sédunoise pour manifester leur mécontentement.

Attitude indigne

«Avec l’inflation, le salaire réel baissera. Les patrons n’ont absolument pas pris en compte la pénibilité de votre travail, la canicule en été, la pluie incessante en novembre, le froid qui arrive. Nous devons nous préparer à lutter l’an prochain. Vous avez le pouvoir d’agir, d’autant plus avec la pénurie de main-d’œuvre dans le domaine», a ajouté le syndicaliste, invitant l’assemblée à participer aux mobilisations d’ores et déjà programmées comme une manifestation le 21 septembre à Berne et des pauses prolongées. Et rappelant que, si des augmentations individuelles de salaires seront peut-être accordées, il sera en tout cas très difficile pour les temporaires – 3000 sur les 9000 maçons du Valais – de faire partie des bénéficiaires. Secrétaire régional d’Unia Valais, Blaise Carron s’est lui aussi offusqué de «l’attitude indigne» des patrons, notant que la séance de négociations avec l’AVE a duré moins d’une heure, et insistant sur la nécessité pour les salariés de continuer à faire pression. «Ils ne comprennent que le langage de la force.» Un appel à la lutte entendu par l’assemblée. «Nous sommes calmes. Nous souhaitions discuter. Mais nous n’avons pas été écoutés», déclare Nuno, machiniste, qui n’écarte pas l’idée d’une grève. «La situation est inadmissible. Tous les collègues actifs dans le bâtiment ont obtenu des augmentations et nous rien du tout.» Unia a en effet rappelé dans un communiqué de presse que les électriciens, les peintres, les menuisiers, les chauffagistes, les ferblantiers, les couvreurs, les paysagistes, etc., valaisans ont décroché des hausses de salaires supérieures à 2%. Aussi, à défaut de négociations avec les partenaires, l’AVE pourrait décider unilatéralement d’octroyer une augmentation de 2,7% comprenant la pleine compensation du renchérissement et une augmentation réelle des salaires.

Multitâches...

Nuno, qui comptabilise vingt ans de métier, est d’autant plus fâché que «les carnets de commandes sont pleins pour les deux prochaines années». «Nous aurions au moins mérité 150 francs de plus par mois pour faire face à l’inflation avec l’augmentation des primes maladie, des loyers, etc. Mais l’AVE estime qu’on gagne assez et argue que les prix des matériaux sont plus chers, alors qu’ils peuvent les bloquer durant deux ans. Les patrons souhaitent uniquement se mettre davantage d’argent dans les poches», ajoute le représentant des travailleurs. Si le salarié estime que des avancées ont eu lieu dans sa branche – comme une meilleure protection contre les intempéries ou encore le temps de transport payé –, la nécessité d’améliorer les salaires dans un secteur attirant de moins en moins de jeunes est cruciale. «J’ai quatre enfants, dont trois fils. Aucun n’est intéressé par ce travail. Ils aiment les ordinateurs. Mais, surtout, ils mesurent la pénibilité de mon job. Ils me voient rentrer à la maison fatigué...» Le manque de relève est aussi souligné par Jean-Paul et Marius indiquant qu’il y a de moins en moins d’apprentis. «Si nous quittons le métier, la situation sera difficile.» Les deux maçons âgés respectivement de 45 et 35 ans estiment qu’une prise en compte du renchérissement serait entièrement méritée. D’autant plus dans le contexte actuel de bonne conjoncture. Et cela alors que les travailleurs sont confrontés à un stress croissant avec des délais toujours plus courts, moins de personnel et la nécessité de multiplier les tâches. «On nous demande constamment d’assumer différentes fonctions, paysagiste, machiniste, etc. Nous devons faire preuve de toujours plus de souplesse dans notre savoir-faire.»

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