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Dans la construction, la grève prend forme

Syndicaliste d'Unia à la rencontre des maçons.
© Thierry Porchet

Nouvelle tournée de chantiers pour Pietro Carobbio, responsable du secteur de la construction d’Unia Vaud. Sur l’immense complexe des Plaines-du-Loup à Lausanne, il informe les travailleurs des revendications scandaleuses des entrepreneurs et les invite à participer à l’assemblée des maçons vaudois qui aura lieu le 7 octobre.

Partout en Suisse, les syndicats recueillent l’avis des maçons quant à un possible débrayage. Dans ce sens, Unia Vaud organise une assemblée générale le 7 octobre à Lausanne

La semaine dernière, durant une pause de midi, Pietro Carobbio, responsable du secteur de la construction d’Unia Vaud, arpente un énième chantier pour inviter les travailleurs à participer à une assemblée générale des maçons, le vendredi 7 octobre à 19h30 au Palais de Beaulieu à Lausanne. Au milieu des échafaudages des immeubles des Plaines-du-Loup, il rappelle en quelques mots la position scandaleuse de la Société suisse des entrepreneurs (SSE) dans le cadre des négociations en cours pour le renouvellement de la Convention nationale (CN): une flexibilisation des horaires de travail extrême, sans contrepartie. «Car même si elle se dit prête à discuter des salaires, ce ne sera pas avant l’année suivante. Avec l’inflation et l’augmentation des primes maladie, ce n’est pas possible! En plus, la SSE veut diminuer les salaires des travailleurs âgés considérant qu’ils sont moins rentables», souligne le secrétaire syndical.

Le 7 octobre, les maçons vaudois auront à décider, ensemble, de la réponse à donner à la faîtière patronale qui campe sur ses positions. Pietro Carobbio en appelle donc à une participation massive à l’assemblée, à l’instar de celle organisée en 2018, «afin de prendre des décisions importantes par rapport à la CN, car la SSE nous pousse au combat!».

Appel à la mobilisation

Mangeant leur pique-nique, les travailleurs opinent du chef, convaincus et prêts à lutter, sans perdre cependant leur sens de l’humour. «Ben oui, celui-là, il est vieux, il faut arrêter de le payer!» rigole un maçon, en désignant son collègue plus âgé. Alors qu’un autre en appelle à une grève d’une semaine: «Un jour, ce n’est pas assez!»

«Si on fait grève, il faut que tout le monde participe. Ça ne va pas si certains collègues travaillent quand même!» souligne un énième travailleur, en faisant référence au débrayage de 2018. «Mais certains ont peur! C’est des poules!» En écrivant son nom sur la fiche d’inscription pour l’assemblée générale, il ajoute, faisant allusion au code QR apposé sur le tract d’Unia: «C’est plus facile de s’inscrire comme ça, sur le papier. Internet ne m’aime pas beaucoup!» A la question de l’évolution des conditions de travail, le maçon soupire… car le manque de main-d’œuvre accentue encore la pression sur les chantiers. «Les travailleurs expérimentés partent à la retraite et le nombre d’apprentis diminue, résume Pietro Carobbio. Les rythmes de travail sont, dès lors, très élevés. L’absence de compétences complique encore la situation.» Et de conclure sur la revalorisation nécessaire des salaires: «Avec l’augmentation du coût de l’électricité, du panier de courses et de l’essence, l’inflation frappe plus que jamais et au quotidien. Bref, il faut que chaque travailleur se responsabilise et se bouge!»

Assemblée générale des maçons vaudois, vendredi 7 octobre à 19h30 au Palais de Beaulieu à Lausanne. Inscriptions auprès de mathieu.berger [at] unia.ch (mathieu[dot]berger[at]unia[dot]ch) ou 0848 606 606.

A Genève, les maçons décident de deux jours de grève!

«Les maçons genevois disent Non à la flexiprécarité et votent massivement deux jours de grève» communiquent les syndicats Unia, Sit et Syna après l’assemblée générale de la construction tenue vendredi dernier. Dans le canton de Genève, le vote sur la grève s’est déroulé sur les chantiers. Sur la base du dépouillement des bulletins, l’assemblée a tranché: la grève se mènera les lundi 7 et mardi 8 novembre.

Au total, 2632 maçons ont participé au scrutin sur leurs lieux de travail, soit environ 60% des salariés, un taux «impressionnant au vu du peu de temps à disposition pour organiser les votes», notent les syndicats. 2105 travailleurs (82% des votants), se sont prononcés pour deux jours de grève, 237 (9%) ont préconisé une grève de plus de deux jours, et 289 (11%) ont opté pour un seul jour de grève. Au vu de ces résultats, «l’assemblée générale de vendredi a pris note de la détermination des travailleurs genevois de la construction de durcir le ton à l’encontre du patronat pour faire entendre leurs revendications légitimes et appelle à la grève générale du secteur principal de la construction sur les chantiers du 7 au 8 novembre prochain.»

L’assemblée a également réitéré les revendications concrètes adressées au patronat tant dans le cadre des négociations pour le renouvellement de la Convention nationale que de la CCT locale de la construction. Les maçons genevois exigent ainsi: «une meilleure protection de leur santé, la création d’un fonds intempéries, des outils pour lutter contre la sous-traitance abusive, le paiement de leurs heures de déplacement, des critères restrictifs pour le travail du samedi et des jours fériés, une valorisation de leurs métiers qui passent par des conditions de travail moins pénibles, une augmentation de salaire pour tous de 260 francs, tenant compte de l’inflation, et une augmentation des salaires des apprentis similaire, eux qui n’ont pas vu la couleur d’une augmentation à Genève depuis 1996!» SH

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