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«Les patrons tentent d’augmenter l’intensité du travail»

Déposée à Berne par des politiciens bourgeois, une motion veut donner aux employeurs la possibilité d’imposer des horaires de nuit et du dimanche en cas de pénurie d’énergie

Travailler la nuit et le dimanche pour éviter des coupures d’électricité, c’est l’idée peu lumineuse de politiciens bourgeois qui ont déposé une motion urgente en ce sens au Conseil des Etats. Rédigé par Andrea Gmür-Schönenberger (Centre/LU) et cosignée par 25 sénateurs de droite, le texte charge le Conseil fédéral d'adapter l'ordonnance 1 à la Loi sur le travail «de manière à pouvoir assouplir rapidement et pour une durée limitée le temps de travail en cas de pénurie d'énergie». Les employeurs pourraient alors «organiser les heures de travail de leurs employés en fonction des restrictions».

Swissmem, faîtière de l’industrie des machines, avait formulé cet été le souhait de pouvoir faire tourner les usines la nuit et le dimanche afin de profiter des heures creuses de consommation d’électricité. «Ce n’est pas en faisant travailler les gens la nuit ou le week-end que l’on économisera de l’énergie», avait répliqué Yves Defferrard, responsable de l’industrie d’Unia, interrogé dans notre édition du 7 septembre. «Nous défendons les économies d’énergie, mais nous veillerons à ce qu’elles ne se fassent pas au détriment des travailleurs», avait expliqué le syndicaliste.

«Ce projet considère les salariés comme des variables d’ajustement, critique la conseillère aux Etats Elisabeth Baume-Schneider (PS/JU). Pour moi, nous disposons d’une base légale et si on veut la modifier, cela ne saurait être de manière unilatérale, au détriment de la santé et de la sécurité au travail. Il faut prendre le temps d’analyser la situation et de négocier. La flexibilisation du travail n’est pas de même importance si elle est au service d’activités essentielles comme les hôpitaux ou d’activités de loisirs comme les stations de ski.» Déréguler le temps de travail doit être exceptionnel, estime la vice-présidente du Parti socialiste suisse. «Il y a un risque que cette motion soit prise en considération et je redoute, qu’au sortir de la crise, on prolonge de telles mesures.»

«Il est rare que la droite touche à la Loi sur le travail tant elle est rachitique, mais dans le contexte de la baisse des taux de profits des entreprises, les patrons essaient par tous les moyens d’augmenter la productivité et l’intensité du travail, souligne Me Christian Dandrès (PS/GE). Nous devons faire le maximum aux Chambres pour qu’ils n’obtiennent pas de majorité. Le cas échéant, il faudra lancer un référendum.»

Mais il ne faut pas en rester là, prévient cet avocat proche des syndicats: «Il faut protéger les salariés qui défendent leurs conditions de travail dans les entreprises. Protéger les délégués du personnel est une revendication fondamentale que nous devons porter ces prochains mois. Il est essentiel que les travailleurs puissent résister ou faire la grève pour des hausses de salaire, comme en Allemagne, sans se faire virer.»

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