Donald Trump n'a même pas encore récupéré les clés de la Maison-Blanche que, déjà, ce triste clown est en train d'y programmer un grand numéro de cirque pour les quatre prochaines années. Qu'on en juge à la troupe de bêtes de foire dont il s'entoure. Le fantasque Elon Musk, chargé de faire subir à l'administration fédérale le même sort qu'à Twitter (devenu X), où il avait viré des milliers d'employés après son rachat, est rejoint, entre autres, par l'antivax Robert Kennedy Jr. à la Santé, un présentateur de Fox News comme ministre de la Défense, un magnat du gaz de schiste et de la fracturation hydraulique à l'Energie, l’ancienne patronne du catch américain à l’Education et Matt Gaetz, le plus fervent des disciples trumpistes, au poste de procureur général. Ce dernier – qui a lui-même eu maille à partir avec la justice pour des parties fines avec cocaïne et call-girls, dont l'une était mineure – s'empressera sûrement de mettre un terme aux poursuites judiciaires visant le président élu.
Cette autoabsolution à tendance dictatoriale viendra confirmer le peu de cas que fait Donald Trump de l'Etat de droit et de la séparation des pouvoirs, lui qui a demandé aux sénateurs républicains, redevenus majoritaires au Capitole, de lui donner leur blanc-seing pour la nomination de son gouvernement, alors que l’approbation du Sénat est en principe requise. Ainsi, dans la prétendue première démocratie du monde, on peut avoir désespérément tenté de tricher pour inverser le résultat d'une élection, puis envoyé ses partisans à l'assaut du Parlement (avec plusieurs morts à la clé), et être malgré tout réélu haut la main. Avec pareille équipe de pieds nickelés à la tête des Etats-Unis, Dieu sait quelles calamités nous attendent! Les Ukrainiens et les Palestiniens en tremblent déjà. Le pire, c'est que le pays de l'Oncle Sam est loin d'être une exception. Entre Poutine en Russie, Netanyahou en Israël, Viktor Orban en Hongrie, Giorgia Meloni en Italie ou encore Javier Milei en Argentine, on commence à avoir une sacrée collection de cinglés, d'autocrates, de néofascistes et autres gouvernements illibéraux dans le monde. Sans compter que l’extrême droite a le vent en poupe un peu partout, notamment en France, en Allemagne, en Autriche, aux Pays-Bas et au Portugal.
Il y a sans doute une leçon à retenir de cette folle campagne électorale américaine, où l'on a entendu le candidat victorieux proférer des énormités du genre: «Les migrants mangent vos chats et vos chiens.» En fin de compte, en politique, il est plus payant de faire appel aux émotions des électeurs qu'à leur raison. Sans sombrer à leur tour dans la démagogie et les fake news, les partis progressistes de toutes les démocraties, qui ne séduisent visiblement plus les masses populaires, devraient peut-être songer à muscler leur rhétorique et à se recentrer sur leurs fondamentaux, la lutte contre les injustices sociales. Il doit être possible d'expliquer, avec des mots simples et percutants, que, si de plus en plus de gens peinent à joindre les deux bouts, ce n'est pas à cause de l'immigration, ni du wokisme, mais de la répartition toujours plus inégale des richesses. De faire comprendre que les milliardaires auxquels on confie les rênes du pouvoir – tels Trump aujourd’hui, ou jadis Berlusconi en Italie et Blocher en Suisse – ne font que défendre les intérêts des plus riches, pas ceux des petites gens. Il y a urgence. Comme c'est parti, on court à la catastrophe.