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Les syndicats se soulèvent contre la révision de la Loi sur le travail

En octobre 2017, des travailleurs de l’industrie du syndicat remettaient à la Chancellerie fédérale 6300 signatures de salariés de la branche, exigeant le respect de leur temps libre
© Neil Labrador

Unia a mobilisé largement contre le projet de démantèlement de la Loi sur le travail. En octobre 2017, des travailleurs de l’industrie du syndicat remettaient à la Chancellerie fédérale 6300 signatures de salariés de la branche, exigeant le respect de leur temps libre. Des messages de protestation d’autres secteurs, notamment des employés des services en mars dernier, ont aussi été transmis au Parlement. Mais ce dernier refuse de les entendre.

L’Union syndicale suisse est déjà prête à lancer un référendum pour contrer un démantèlement des conditions de travail

«Les provocations contre les salariés de Suisse s’enchaînent.» L’Union syndicale suisse (USS) ne cache pas son indignation en préambule de son communiqué du 7 septembre. Elle dénonce les attaques de la Commission de l’économie du Conseil des Etats qui souhaite supprimer la durée hebdomadaire maximale de travail et l’enregistrement de la durée du travail. Et est déjà prête à organiser un référendum contre cette révision de la Loi sur le travail qui vient d’être mise en consultation.

Celle-ci repose sur les initiatives parlementaires de Karin Keller-Sutter (PLR) et de Konrad Graber (PDC). Elle ouvre la porte à l’annualisation du temps de travail permettant de légaliser une durée hebdomadaire de travail de plus de 70 heures et à la fin du contrôle du temps de travail pour un grand nombre d’employés. Les «spécialistes disposant d’un pouvoir de décision important» et les cadres seraient exclus des dispositions protectrices sur le temps de travail. «La protection contre l’épuisement professionnel et le travail gratuit serait ainsi supprimée pour près de 40% des salariés, soit 1,4 million de personnes», alerte l’USS. Le caractère flou de la définition des employés touchés par cette mesure donnerait, selon la faîtière syndicale, une grande marge de manœuvre aux employeurs. 

«Les supérieurs hiérarchiques des branches à bas salaires seraient concernés, comme une gérante de succursale dans le commerce de détail. Et les spécialistes pourraient aussi inclure demain le personnel infirmier ainsi que les monteurs spécialisés», a donné en exemple Paul Rechsteiner, président de l’USS, lors de la conférence de presse de la faîtière.

Risques pour la santé

La fin de l’enregistrement du temps de travail ne permettrait plus aux inspecteurs du travail de vérifier si les règles de protection comme le repos nocturne, l’interdiction de travailler le dimanche et les pauses sont respectés. L’USS craint dès lors une explosion d’heures supplémentaires de travail non payées, notamment le dimanche, avec pour conséquence des perturbations de la vie familiale et des risques importants sur la santé. «De longs horaires de travail augmentent le risque de maladies cardiovasculaires, de cancer, d’arthrite, de diabète et de maladies psychiques. Selon la Société suisse de médecine du travail, la révision de la LTr entraînerait aussi une augmentation des absences pour cause de maladie, et donc des coûts pour les employeurs et la société.» 

Alors que la situation est déjà pénible pour bon nombre de travailleurs. Vania Alleva, présidente du syndicat Unia, souligne: «Selon les analyses du Seco, plus d’un tiers des employés en Suisse se disent souvent ou toujours épuisés à la fin de la journée. Bon nombre d’entre eux affirment ne pas pouvoir récupérer pendant la nuit. Le stress généré par la flexibilisation est donc actuellement un énorme problème pour des millions de salariés en Suisse.»

La loi déjà mise à mal

Depuis 2015, Unia a mis en place une hotline «Service temps de travail» pour les employés et les témoignages ne manquent pas sur les abus graves déjà en cours au niveau du respect du temps de travail. Des temps partiels qui deviennent du travail sur appel, des semaines de 60 heures qui font dire à une vendeuse avoir «l’impression d’habiter dans le magasin» et des heures supplémentaires quotidiennes jamais payées. Vania Alleva souligne que les collaborateurs du syndicat se battent pour faire appliquer le droit existant, comme la saisie du temps de travail, l’indemnisation des heures supplémentaires, l’octroi de temps de repos suffisant ou un délai d’annonce de deux semaines au moins pour les horaires de travail. Et ce, en discutant avec les employeurs et les autorités, par le biais de contrôles réguliers ou encore des protestations collectives et des plaintes relevant du droit du travail. Des droits aujourd’hui d’autant plus menacés par la révision proposée. Et de conclure: «Les employés en Suisse ont déjà les temps de travail les plus longs d’Europe et sont exposés à des niveaux de stress extrêmement élevés. Les défis de la numérisation intensifient la pression à la flexibilisation. C’est pourquoi il faut plus de protection de la santé des salariés, pas moins. Il faut plus de droits pour les salariés, pas moins, afin que les personnes puissent travailler pour vivre. Et non pas le contraire.» 

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