Entre perte de revenu et exposition aux risques de contamination, les chauffeurs VTC et les livreurs à deux roues sont aussi victimes de la crise du coronavirus
Que deviennent les travailleurs des plateformes? Chauffeurs VTC, livreurs, nettoyeuses ou artisans, ces dernières années de nombreuses personnes ont rejoint par nécessité l’économie dite collaborative, surtout dans les centres urbains. A l’heure du repli à la maison, leur situation diffère selon l’activité menée. Les déplacements et les sorties se limitant, on ne commande plus guère un taxi Uber et les conducteurs se retrouvent sans revenu. Ils sont privés du chômage technique et de l’assurance perte de gain pour indépendants n’étant, dans leur grande majorité, pas annoncés auprès des assurances sociales. Par contre, les livreurs à deux roues de nourriture et de repas, eux, ne connaissent pas la crise. A leurs risques et périls.
«Le Conseil fédéral a décidé de fermer les restaurants, mais la livraison à domicile de ces établissements est toujours autorisée. C’est un désastre», s’emporte Umberto Bandiera, responsable des transports et de la logistique en Suisse romande pour Unia. «D’une part, dans la mesure où le confinement n’est pas réellement effectif, cela ne fait qu’alimenter la diffusion du virus et surexpose les livreurs à des risques énormes. Et, d’autre part, le marché de la livraison à domicile est dominé par des sociétés, Uber Eats, Just Eat, Smood, qui traînent déjà un énorme litige avec les syndicats et les autorités en ce qui concerne notamment les manques à la sécurité et l’absence de couverture maladie et accidents. Dans une ville comme Genève, on estime qu’il y a tous les jours entre 500 et 600 livreurs dans les rues. Certains ont choisi de se déconnecter de l’application et de rester à la maison pour ne pas prendre de risque, mais d’autres continuent leur tâche et sont même sollicités à travailler plus.»
Aucune consigne…
Les plateformes ont mis en place des modes de livraison «sans contact», la nourriture ou le repas est alors déposé sur le pas de la porte, mais quelles sont les protections pour les livreurs qui doivent entrer dans les immeubles, toucher les poignées de porte, croiser des voisins dans l’ascenseur et tout de même échanger avec des clients? «D’après les informations que nous avons recueillies, les employés n’ont pas reçu de consignes et de matériel de protection. Ils continuent de travailler avec leurs propres vêtements et avec leur sac de livraison qu’ils ramènent à la maison, déplore Umberto Bandiera. Nous demandons l’arrêt de toutes les activités économiques qui ne sont pas indispensables et que les personnes qui sont obligées de poursuivre leur emploi bénéficient d’un maximum de sécurité pris en charge par les employeurs.» Pour le secrétaire syndical, il ne s’agit pas d’empêcher des personnes âgées ou vulnérables de commander un repas ou de la nourriture. Mais on pense aux jeunes qui se font un menu McDonald’s et qui pourraient passer un tour.
«Les travailleurs des plateformes ont été oubliés, nous voulons qu’ils soient aussi pris en compte. Il est urgent que les syndicats puissent rencontrer les autorités pour régler tous les problèmes de cette situation exceptionnelle. Nous sommes au bord d’une catastrophe sanitaire. Il faut des mesures fortes, on ne peut plus perdre une seule minute, j’espère qu’elles auront été prises lorsque ce journal sera imprimé.»