L’été est déjà très chaud sur les chantiers fribourgeois
Unia a lancé un ultimatum à la Fédération fribourgeoise des entrepreneurs. Le syndicat exige un dispositif permettant l’arrêt des travaux durant les grosses chaleurs
Alors que l’été pointe le bout de son nez, à Fribourg, les travailleurs de la construction et Unia se bagarrent pour obtenir des mesures de protection contre la chaleur. Le syndicat, qui a lancé un ultimatum à la Fédération fribourgeoise des entrepreneurs, attend un engagement des employeurs en faveur de mesures anticaniculaires. Faute de quoi il fera tomber le Fribourgfonds-Construction, le fonds paritaire.
Un plan avait pourtant été négocié l’été dernier dans le cadre des discussions pour le renouvellement de la Convention collective de travail (CCT) du secteur principal de la construction du canton de Fribourg, pendant cantonal à la Convention nationale. Il prévoyait que les chantiers s’arrêtent dès que le mercure affiche 31°C et que les entreprises soient indemnisées par le Fribourgfonds-Construction. «Il faisait 34°C dans la salle lorsque nous avons négocié, cela a peut-être facilité la décision…» sourit le secrétaire régional d’Unia Fribourg, François Clément. Mais patatras, à la fin de l’année dernière, l’assemblée des employeurs refusait d’entériner l’accord. «Là, il ne faisait plus 34°C… La fédération des entrepreneurs nous a proposé de revenir à la table des négociations. Les délégations de maçons, plutôt conciliantes, ont accepté, en insistant sur l’absolue nécessité de trouver une solution. Nous voulons éviter d’avoir des morts sur les chantiers.»
Situation de blocage
Un nouveau projet a été ficelé. Il prévoit que, lors des pics de chaleur de plus de 34°C, les activités débutent à 6h du matin et s’arrêtent à 13h, soit une journée de travail n’excédant pas sept heures, contre huit à neuf habituellement. Le même dispositif s’appliquerait lorsque la température dépasse les 32°C durant trois jours consécutifs. «Nous avons malheureusement appris que l’assemblée du patronat y est opposée. Nous sommes dans une situation de blocage, les patrons se montrent assez irresponsables, ils font des caprices, il est temps qu’ils prennent leurs responsabilités. Nous avions un accord pour éviter un vide conventionnel pendant les négociations. Si on ne s’entend pas sur la CCT, le Fribourgfonds-Construction n’a plus de raison d’être», prévient le responsable syndical.
Alimenté par une contribution de 0,3% prélevée sur les salaires à laquelle s’ajoute une cotisation de 0,1% versée par les employeurs, celui-ci finance notamment le perfectionnement professionnel. «Ce n’est pas non plus aux ouvriers de payer pour la formation professionnelle à la place des patrons. Ce qui nous intéresse, c’est que le Fribourgfonds-Construction offre une solution à la canicule.»
Respecter des directives
Rappelons que, dans le canton de Vaud, il existe un Fonds de prévention santé et sécurité, créé en 2016 par les partenaires sociaux. Celui-ci permet l’indemnisation des entreprises lors des suspensions de travail quand le critère canicule, fixé à 34°C, est atteint. Sur le plan national, la Société suisse des entrepreneurs vient de signer avec les syndicats un communiqué appelant à poser les truelles et à se mettre à l’ombre dès 33°C. «Nous voulons seulement appliquer les directives de la Suva et du Secrétariat à l’économie, qui, il faut le souligner, ne comportent pas d’indemnités pour un risque économique à la charge de l’entrepreneur…»
Mercredi 19 juin, une réponse de la fédération des entrepreneurs était encore attendue. «La balle est dans leur camp, conclut François Clément. Pour les ouvriers, l’enjeu est clair, la canicule est une menace pour leur santé, ils n’ont pas de doute sur la nécessité d’agir.»