De la lutte des classes aux étoiles
Chère Sylviane,
Vingt ans que tu rames sur la barque de L’Evénement syndical. Si tu en es la capitaine depuis presque aussi longtemps, tu as toujours été la première à écoper ou à faire la plonge, tant la hiérarchie et le pouvoir ne t’ont jamais intéressée, ou alors pour les vilipender.
Face aux intempéries, tu t’es mouillée pour la survie de l’hebdomadaire et de nos postes de journaliste, métier en voie de disparition. Mais le cœur de tes préoccupations a toujours été de défendre les travailleuses et les travailleurs, et de leur offrir un journal au plus près de l’actualité syndicale.
Plus largement, tes valeurs humanistes et de solidarité ont guidé tes choix, du combat le plus local à la cause internationaliste, la lutte des classes en toile de fond.
La rédaction a toujours été à tes côtés, confiante en ta capacité de te faire entendre et de ne pas te laisser leurrer par le chant des sirènes.
Ton opiniâtreté, ta sensibilité aux injustices et ton amour des gens font de toi une militante syndicale hors pair. Nous ne comptons plus le nombre de manifestations auxquelles tu as participé. Et nous savons que nous te retrouverons, dans la rue, le poing levé... sans jamais perdre le cap vers un monde meilleur.
Entre deux actions, entre deux voyages dans ton pays d’adoption – la Grèce (peut-être parce qu’une seule lettre la sépare du mot grève?) – nous te souhaitons de naviguer dans les eaux calmes du lac Léman sur ton petit voilier, les cheveux aux vents, la tête dans les étoiles, toi qui, comme pour te libérer de la gravité de ce monde, aime tant regarder les astres...
Bon vent à toi, moussaillon!
La Rédaction
Journaliste militante
Je connais Sylviane depuis ses débuts à L’Evénement syndical, il y a vingt ans. Elle a toujours été présente dans les manifestations et, au fil du temps, une grande confiance et un véritable respect se sont créés entre nous. Sylviane a toujours été de toutes les actions syndicales, non seulement comme journaliste et rédactrice en cheffe de L’Evénement syndical, mais aussi comme militante. Elle a toujours été extrêmement proche des salariés et a toujours eu à cœur de les défendre. C’est une posture très importante pour les travailleuses et les travailleurs comme pour les permanents syndicaux. Si elle était là pour l’article, son soutien allait au-delà et était très utile dans la lutte. Sylviane a toujours eu aussi la volonté de maintenir une information de qualité. Elle va au bout de ses idées. Sa détermination est admirable. Si je n’ai pas toujours été d’accord avec elle, j’ai aimé débattre avec elle, car le respect n’a jamais manqué. C’est le propre aussi du syndicalisme de ne pas être d’accord. L’important, c’est la défense de ce qui est le meilleur pour l’organisation. Sylviane a poursuivi ce but dans tous ses combats. Je sais que son équipe pourra tourner sans elle, car elle a su faire circuler les informations. Ce qui est la marque d’une bonne responsable. Je suis très serein pour cette transition. Sylviane part avec le devoir accompli et je la remercie pour tous ses services. Je lui souhaite encore beaucoup d’années de militantisme et de pouvoir profiter de son temps pour toutes les choses qu’elle aime faire.
Yves Defferrard, président de L’Evénement syndical, membre du comité directeur d’Unia
Une source d’inspiration
Nous avons fait connaissance lors de mon combat contre Manor il y a une quinzaine d’années. Je me suis toujours sentie proche de Sylviane, car elle se sent concernée. Elle ne détourne pas la tête, et est engagée, combattante, idéaliste. Quand je ne pensais pas être à la hauteur, elle était là pour m’encourager. J’apprécie aussi le fait qu’elle se soit engagée pour garder un journal imprimé de qualité. Elle a toujours donné la place aux travailleuses et aux travailleurs pour leurs revendications. Chère Sylviane, c'est avec beaucoup d’émotions que je te présente mes meilleurs vœux pour cette nouvelle étape de la vie. Je continuerai à garder bien présent ton accompagnement dans l'engagement syndical. Nos échanges sur la société d'aujourd'hui me permettent de continuer à vouloir lutter.... Merci de tout cœur.
Marisa Pralong, militante et collaboratrice d’Unia Vaud
Une combattante pour l’émancipation de la classe ouvrière
2005: naissance du syndicat Unia, résultat de la fusion des syndicats FTMH, SIB, FCTA et autres. Je cite cet événement comme point de départ, me retrouvant, après 40 ans de militance à la FTMH, dans la branche artisanat d’Unia. Première rencontre avec Sylviane, journaliste à L'Evénement syndical. Débute alors une collaboration ininterrompue et la création d'un lien de respect et de profonde estime pour une combattante de sa trempe qui, comme femme et comme militante, a fait de la lutte pour l'émancipation de la classe ouvrière sa référence première. Le Groupe intérêts migrants (GIM) lui doit beaucoup en matière de conseils et d’encouragements pour soutenir les revendications spécifiques des militants immigrés au sein d'Unia. L'épisode marquant a été le moment où il a été proposé d'imprimer le journal à l'extérieur de la Suisse, délaissant l'imprimerie de Delémont avec le risque que le personnel soit mis au chômage. Lors de la confrontation avec la direction pour modifier le nombre de parutions et le support du journal, nous, GIM, avons soutenu cette bataille dans chaque instance syndicale. Cela nous a réconciliés avec la profession de journaliste. Chaque jour de lutte est un événement important pour nous, migrants Unia. Le parcours de vie professionnelle et humain de Sylviane est exemplaire. Une combattante pour la cause des femmes et pour la cause des migrants. Les paroles sont comme le vent, mais la pensée reste. Tous mes vœux à toi, Sylviane, pour ton futur parcours de retraitée. Le GIM t'embrasse fraternellement et avec estime.
Sisto Vincenzo, militant d’Unia Vaud, Groupe intérêts migrants
Salut la plume rouge
Voilà, Sylviane, le temps venu pour toi de prendre ta retraite et de changer de rythme, à peine quelques semaines après le changement de rythme de parution de L’Evénement syndical devenu bimensuel au lieu d’hebdomadaire. D’expérience, je puis t’assurer que le rythme de vie un peu plus lent d’une retraitée est délicieux! Après tant de timings serrés et de stress, déguste ces nouvelles libertés et horizons. Capitaine à bord, tu as tenu la barre du journal en y faisant des miracles financiers. Coûts postaux, frais d’impression, charges sociales, tout – absolument tout – n’a eu de cesse de prendre l’ascenseur. Comme presque seules les femmes savent le faire, tu as traqué chaque centime pour pouvoir continuer à offrir, semaine après semaine, un journal de qualité. Expliquer les enjeux sociopolitiques du monde du travail, dénoncer la violence du capitalisme, contribuer à une lecture critique du monde et surtout rendre visibles les luttes syndicales, petites et grandes, nationales, régionales et locales, voilà les défis que tu as relevés. O combien primordiaux, quand on connaît l’état de la presse nationale et de la presse locale (quand il en reste) qui rapportent de moins en moins les préoccupations des salariées et des salariés et les actions syndicales, se concentrant de plus en plus souvent exclusivement sur des faits de société, anodins et apolitiques. Merci d’avoir tendu aux travailleuses et aux travailleurs romands un miroir de leurs réalités et de leurs luttes. Merci la plume rouge. Et bon vent à toi.
Catherine Laubscher, ancienne secrétaire régionale d’Unia Neuchâtel
Sylviane, du réel à l’idéal
Sylviane,
Durant des années, tu as conduit la barque de L’Evénement syndical de manière exemplaire, dans un savant dosage combinant les règles élémentaires du journalisme professionnel et le travail militant. Durant toute la période où j’ai présidé le conseil d’administration de L’Evénement, tu as toujours été une alliée de poids dans le but de maintenir et de développer un journal de qualité. Tu as aussi su motiver la rédaction et entretenir des relations avec la base syndicale d’Unia, avec ses militants, tant au niveau des régions que des branches professionnelles. Enfin, dans tes multiples éditoriaux, tu as constamment su montrer les enjeux des combats syndicaux et politiques, y compris le dessous des cartes, en mettant toujours la priorité sur les réalités du terrain. En ce sens, et même si ce n’était pas forcément conscient, tu t’inspirais de ce principe fondamental énoncé par Jean Jaurès: «Partir du réel pour aller à l’idéal.»
Jean-Claude Rennwald, ancien président du journal et ancien membre du comité directeur d’Unia