Retour graduel à la normale programmé. Le Conseil fédéral a présenté la semaine passée un plan d’assouplissement des mesures extraordinaires prises pour lutter contre la pandémie de coronavirus. Une stratégie de déconfinement en trois temps avec, en toile de fond, le difficile équilibre à trouver entre la nécessité de protéger la santé de la population et celle de remettre en fonction de nombreux rouages économiques aujourd’hui paralysés. Exercice d’autant plus périlleux que la récession s’annonce de large ampleur. Le chômage a d’ores et déjà fortement augmenté. Entre la fin mars et le 9 avril, 10000 personnes de plus ont perdu leur emploi selon l’Union syndicale suisse contre une hausse de 4000 lors des pires crises précédentes. Et alors que le nombre de demandes de réduction d’horaire de travail s’élève déjà à 1,7 million. Du jamais vu.
Dans ce contexte inédit, le 27 avril marquera le premier desserrement de l’étau avec la reprise d’activités comme certains soins à la personne. Des commerces à l’image des salons de coiffures, des studios de tatouage ou encore des ongleries pourront reprendre du service. Des derniers choix qui laissent perplexes. Entre l’aspect non prioritaire de ces prestations et l’impératif de distanciation sociale martelé par les autorités. Et ce quand bien même elles prévoient l’utilisation de matériel de protection et au besoin un traçage des personnes lors d’infection. Soit. Et il faut bien commencer quelque part. Sauf nouvelle flambée du virus, l’approche progressive du gouvernement envisage, le 11 mai, l’ouverture de tous les magasins, des installations sportives et le retour en classe des écoliers. Suivront alors, le 8 juin, les étudiants post-obligatoires et la possibilité retrouvée de fréquenter des espaces de loisirs. Sur la question des enfants, là encore, on a le sentiment d’un pilotage à vue. Hier, les élèves étaient les premiers à rentrer chez eux. Aujourd’hui, le risque qu’ils tombent malades et propagent le virus serait quasi nul, selon les dernières connaissances... Même si la question de l’écart entre eux semble rester de mise – un vrai casse-tête pour les enseignants – et qu’ils devront toujours renoncer à visiter leurs grands-parents. Pas de contradiction nous dit-on, juste l’application du principe de précaution. En même temps, comment les parents pourraient-ils retourner au boulot avec leurs gosses à la maison? Quoiqu’il en soit, la stratégie du Conseil fédéral s’apprécie différemment. Entre ceux qui la jugent trop timide, d’autres irresponsable ou encore injuste. Et assurément arbitraire.
Seule certitude, le gouvernement pressé par les milieux patronaux, a été vivement encouragé à lâcher du lest et à faire des choix. Pertinents? Le futur le dira. Mais il ne pourra dans tous les cas s’écrire sans amélioration et changement. Il nous faut, dès aujourd’hui, assurer des conditions d’existence dignes pour tous et tirer les leçons de l’origine de cette crise. Emprunter le chemin d’une transition écologique en promouvant une économie durable et solidaire. Privilégier une consommation responsable. Et opter, selon la formule de l’auteure Emeline de Bouver, pour moins de biens et plus de liens. Afin d’éviter que le monde d’après ressemble à celui d’avant. Et après avoir goûté à un certain ralentissement aussi bénéfique pour la planète que pour ses habitants. N’en déplaise aux ténors d’une croissance aveugle, sans avenir, loin de séduire le plus grand nombre subissant surtout ses effets négatifs. En ce 22 avril, la Journée internationale de la Terre nous le rappelle vertement...