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Quelque chose ne tourne pas rond dans notre belle Helvétie, pays le plus riche du monde. A l’heure de la retraite, de nombreuses personnes ayant travaillé toute leur vie tombent dans la pauvreté. Leur AVS seule ne permet pas de vivre, et celles et ceux ayant cotisé au 2e pilier voient leurs rentes fondre comme neige au soleil. Notre Constitution le dit pourtant clairement: l’AVS doit couvrir les besoins vitaux, et la prévoyance professionnelle, couplée au 1er pilier, doit permettre à l’assuré «de maintenir de manière appropriée son niveau de vie antérieur». On en est loin. Et malgré ce constat, notre sécurité sociale est menacée sans relâche.

Les attaques ont déjà été repoussées plusieurs fois dans les urnes, comme ce fut le cas de la hausse de l’âge de la retraite des femmes en 2004, puis en 2017 avec le rejet de la réforme Prévoyance vieillesse 2020. Ce projet prévoyait aussi une baisse du taux de conversion dans le 2e pilier, synonyme de réduction des rentes. Cette baisse avait déjà mordu la poussière en 2010, après une forte mobilisation syndicale. Mais rien n’arrête le Conseil fédéral et les partis bourgeois. Deux fois «non» à la hausse de l’âge de la retraite des femmes? Deux fois «non» à la baisse du taux de conversion? Qu’à cela ne tienne. Dans notre démocratie helvétique, quand la droite veut, elle remet cent fois l’ouvrage sur le métier.

C’est ce qui a été fait avec la réforme AVS 21, qui compte économiser un petit milliard par année en faisant travailler les femmes jusqu’à 65 ans. La votation aura probablement lieu le 25 septembre. AVS 21 ne concerne pas que les femmes, mais l’ensemble des futurs retraités. Il introduit en effet un mécanisme de retraite flexible qui incitera tous ceux ayant des lacunes de cotisations ou une vie de précarité derrière eux, à travailler jusqu’au bout de leurs forces. A cette réforme immédiate qu’il faut combattre par la plus large des mobilisations, s’ajoutera bientôt une nouvelle remise en cause du 2e pilier. Le compromis des partenaires sociaux a été complètement dénaturé par le Conseil national. Le Conseil des Etats en discutera le 14 juin. Un jour hautement symbolique pour les femmes, qui lanceront à cette date la campagne pour contrer AVS 21.

Face à ces démantèlements, l’Union syndicale suisse avait, en mars 2020, lancé son initiative pour une 13e rente AVS qui, déposée il y a un an, pourrait être soumise au vote en 2023. Hier, la faîtière syndicale donnait le coup d’envoi officiel d’une nouvelle initiative visant à renforcer l’AVS grâce aux bénéfices de la Banque nationale suisse – initiative sur laquelle nous reviendrons. Le texte demande qu’une petite part des gigantesques bénéfices réalisés par la BNS soit versée au 1er pilier. Cet argent devrait bénéficier à la population. Or il n’en est rien. Et la pression continue sur les retraités et les salariés qui, chaque jour, voient leurs perspectives de rentes grignotées, pendant que leurs caisses de pension affichent elles aussi des résultats faramineux. L’inflation va encore aggraver leur situation, les rentes LPP n’étant pas indexées.  

Notre système risque de dérailler. Des milliards sont accumulés dans les coffres de la Banque nationale. D’autres milliards sont offerts, grâce aux cadeaux fiscaux, aux multinationales et à leurs dirigeants. Et d’autres encore sont accordés, en un claquement de doigts, au budget de l’armée. En contrepartie, les femmes devraient travailler un an de plus… Les retraités accepter que leurs pensions se réduisent comme peau de chagrin… Non, c’est non! De l’argent il y en a. Mobilisons-nous massivement pour qu’un nouveau «non» à AVS 21 sorte des urnes en septembre.