Journaliste à "Area", la publication italophone d’Unia, Mattia Lento se présente aux élections italiennes du 25 septembre pour «stopper la droite», mais aussi «renouveler la gauche»
Les Suisses ne sont pas les seuls à voter le 25 septembre, les Italiens sont aussi appelés aux urnes, le président Mattarella ayant décidé, face à la crise gouvernementale, de dissoudre les deux Chambres et de convoquer des élections anticipées. Les Italiens vivant en Suisse votent pour la circonscription Europe qui offre trois sièges à la Chambre des députés et un au Sénat. Parmi les listes progressistes, trois candidats résidant en Suisse se détachent. Le Parti démocratique (PD) en Suisse présente Toni Ricciardi à la Chambre des députés et Michele Schiavone au Sénat. De son côté, l'Alliance des Verts et de la Gauche, membre de la coalition de centre gauche avec le PD, peut compter sur Mattia Lento pour la Chambre. Installé en Suisse depuis 2009, ce journaliste d’Area, le bimensuel italophone d’Unia, a passé son enfance à Lissone (province de Monza et de la Brianza). Agé de 38 ans et papa de deux fillettes de 4 et 8 ans, il vit à Zurich. Interview.
Quel est le sens de votre candidature? Est-ce la première fois que vous vous présentez à une élection?
Je me suis déjà présenté aux élections municipales quand j'étais très jeune, mais j'ai ensuite quitté la vie politique. Je ne suis pas un homme de parti, mais j’ai accepté de m’exposer, car je pense que nous traversons une période plutôt critique. Tous les sondages disent que la droite peut gagner largement cette élection et, si elle emporte deux tiers du Parlement, elle aura la capacité de changer la Constitution sans consulter la population dans le cadre d’une votation. Nous ne parlons pas seulement d’une droite conservatrice, mais aussi d’une droite xénophobe et post-fasciste. Mais l’espoir réside dans le peuple italien, qui a la faculté de réagir avec force dans les moments dramatiques.
Stopper la droite n’est toutefois pas suffisant. Nous devons aussi renouveler la gauche, parler du travail, des questions sociales, de l’immigration, de la transition écologique et du nécessaire changement de système économique et social. C’est la deuxième raison de ma candidature. En tant que journaliste, je m’intéresse de près aux problèmes sociaux et écologiques, je suis prêt à me charger de la mission d’apporter des compétences et de partager des expériences. Le travail parlementaire n’est pas facile, mais nous disposons d’un groupe compétent et je suis persuadé que nous pouvons orienter le débat et changer les lois.
Si vous êtes élu, quel thème vous tient-il à cœur de porter?
La liste est une cheville parfaite pour joindre la gauche et les Verts. Ensemble, nous pouvons parler de l’écologie et de la transition, mais avec une sensibilité sociale. Il faut garder en tête la question sociale. Nous devons aussi parler des femmes. En Italie, les inégalités au travail restent fortes. Par exemple, dans le Sud, nombre de femmes ne sont pas salariées et ne disposent donc pas d’un revenu. La question des femmes a longtemps été présente dans les débats publics, elle ne l’est malheureusement plus. J’estime qu’il est important de la remettre au cœur de nos discussions, au côté des questions de genre et de minorités. Même si elle s’est quelque peu améliorée cette année, la situation est difficile pour les personnes homosexuelles et transgenres. Il nous faudrait adopter une loi comparable à la norme pénale suisse afin de protéger ces personnes des attaques.
Et en ce qui concerne les Italiens de l’étranger?
Il nous faut renouveler les institutions qui représentent les Italiens à l’étranger. En Suisse, 650000 Italiens sont enregistrés dans les consulats et représentent un véritable défi. Il faut améliorer les services consulaires ou les cours pour apprendre l’italien. Nous voulons aussi renforcer les droits des travailleurs et la liberté de circulation des personnes. Demander l’aide sociale en Suisse comme Italien fait courir un risque pour son permis de séjour.
J’ajoute que, si nous ne présentons pas de liste au Sénat, c’est pour ne pas favoriser la droite, nous soutenons là le PD. Avec notre liste pour la Chambre des députés, nous avons, par contre, bon espoir d’emporter le troisième siège disponible. Nous sommes en concurrence avec la droite libérale de Matteo Renzi, voter pour nous est un vote utile, c’est renforcer la gauche.