Pakistan: protection accrue du personnel du textile
L’Accord international sur la santé et la sécurité dans l’industrie textile et de l’habillement conclu au Bangladesh a été étendu au Pakistan
Victoire pour les couturières et les couturiers pakistanais qui travailleront dans un environnement professionnel plus sûr. Industriall Global Union et Uni Global Union ont récemment annoncé dans un communiqué commun l’extension à un deuxième pays, le Pakistan, de l’Accord international pour la santé et la sécurité dans l’industrie textile et de l’habillement en vigueur au Bangladesh. Rappelons que cette convention avait été signée en 2013, après l’effondrement de l’usine Rana Plaza à Dacca, qui avait coûté la vie à 1138 personnes. Depuis, d’importantes mesures de protection ont été introduites dans plus de 1600 usines textiles comptant au total 2,5 millions d’employés.
Les deux faîtières syndicales, figurant parmi les acteurs clés de la démarche, se félicitent de l’élargissement du dispositif au Pakistan. Elles précisent que l’accord en question est juridiquement contraignant. Il est conclu entre les fédérations syndicales internationales et les enseignes de la mode pour une durée de trois ans à partir de 2023. Et reprend l’ensemble des caractéristiques de l’arrangement qui l’a inspiré: des inspections indépendantes – avec suivi et mesures correctives – des installations électriques, des structures et des chaudières pour contrer les risques d’incendie; la formation d’un comité de sécurité; et l’introduction d’un programme de sensibilisation aux dangers. La convention prévoit également un mécanisme indépendant de traitement des plaintes, un engagement en faveur d’une large transparence et le renforcement des capacités locales afin de promouvoir une culture de la santé et de la sécurité à l’échelle de l’industrie.
500 usines visées
«Le nombre de décès et d’accidents évitables diminuera rapidement au fur et à mesure de la mise en œuvre du programme. Les travailleuses et les travailleurs recevront une formation sur la santé et la sécurité au travail, ce qui leur donnera des moyens d’action et, espérons-le, leur fera prendre conscience de l’intérêt à adhérer à un syndicat afin de lutter collectivement pour leurs droits», a déclaré Atle Hoie, secrétaire général d’Industriall. Même satisfaction exprimée par Christy Hoffman, secrétaire générale d’Uni Global Union: «L’extension à d’autres pays du modèle concluant mis en place au Bangladesh a longtemps constitué notre objectif. Grâce à l’Accord du Pakistan, nous améliorerons la sécurité, sauverons des vies...»
La convention pour le Pakistan concerne les fournisseurs de vêtements prêts à porter, de textiles ménagers, de tissus et d’accessoires en tricot. Les fabriques de tissus actives sur les chaînes d’approvisionnement des signataires participeront elles aussi, dans un second temps, au programme. Celui-ci vise à couvrir de manière progressive quelque 500 usines fournissant plus de 100 entreprises parties prenantes de l’accord dans les provinces du Sindh et du Punjab où sont fabriqués chaque année la majeure partie des vêtements et des textiles exportés par le Pakistan pour une valeur estimée à 20 milliards de dollars.
Engagement attendu
Coordinateur en Suisse de la Campagne Clean Clothes (CCC), Public Eye appelle toutes les marques qui font confectionner des habits au Pakistan à signer l’accord et à l’élargir à d’autres Etats encore. «Nous espérons que les travailleurs et les travailleuses d’autres pays producteurs ne devront pas attendre dix ans de plus pour que leur lieu de travail soit enfin sécurisé.» S’appuyant sur un rapport de la CCC, l’ONG souligne que la sécurité des fabriques pakistanaises «est déplorable». «Des accidents, parfois mortels, surviennent régulièrement.» Et Public Eye de rappeler la tragédie de l’usine Ali Enterprises à Karachi où un incendie, en 2012, avait provoqué la mort de 254 personnes prisonnières des flammes.
Selon Public Eye, 190 enseignes ont signé l’accord international et plus d’une trentaine ont annoncé vouloir aussi agir dans ce sens pour le Pakistan. L’ONG attend par ailleurs que l’entreprise suisse Tally Weijl s’engage également pour ce pays où elle s’est largement fournie...