Des primes qui riment avec déprime, des coûts de la santé atteints de fièvres incontrôlables: le système des soins se porte mal, gangréné par une inflation sans fin. Un diagnostic sur lequel tout le monde s’accorde, mais non sur les remèdes. Celui du PS, soutenu par les syndicats, suggère de plafonner le montant des primes à 10% du revenu disponible. Au-delà de ce seuil, les assurés auraient droit à une réduction financée pour deux tiers par la Confédération et le reste par les cantons. La proposition sera tranchée dans les urnes le 9 juin prochain. Une idée pertinente: bas et moyens revenus peinent de plus en plus à s’acquitter de cet impôt déguisé. Chaque automne, ils assistent, impuissants et inquiets, à l’annonce d’une nouvelle hausse. En vingt ans, la facture a ainsi explosé, accusant une augmentation de 159%! Engloutissant en moyenne 14% du revenu disponible. Et grevant désormais aussi les budgets de la classe moyenne. Parallèlement, une majorité de cantons ont revu à la baisse les aides financières allouées aux familles et aux particuliers dans l’incapacité de faire face à cette dépense incontournable. Ce désengagement se révèle lourd de conséquences alors que les rémunérations ont stagné, voire souvent régressé, en l’absence d’adaptation à la hauteur du renchérissement. Conséquences: les assurés sont annuellement contraints de trouver des solutions moins onéreuses. Les 80% d’entre eux ont déjà opté pour des modèles alternatifs; 800000 personnes ont en 2024 changé de caisse maladie. Un tourisme au sein des assurances stérile au final, le montant des primes suivant la courbe des coûts de la santé. De nombreux ménages se sont par ailleurs tournés vers des franchises élevées. Un risque pour les plus précaires. Selon l’Office fédéral de la statistique, 20% de la population ne peut faire face à une facture imprévue de 2500 francs. Une frange qui renoncera peut-être alors aux soins.
Il est temps de mettre un terme à l’emballement des primes. Il est l’heure de réagir face à l’incurie des politiques, la cupidité des pharmas, les renvois de balle entre les différents acteurs de la santé, des assurances toujours plus chères restreignant la marge de manœuvre des assurés alors que les rémunérations de leurs patrons ont bondi. Le peuple a enfin son mot à dire et peut opter pour un plafonnement salutaire. Un système que le canton de Vaud applique déjà avec succès.
Au menu de ces prochaines votations figure un autre objet fédéral touchant aussi indirectement à la question de la santé et, partant, de son coût. Les citoyens sont appelés à se prononcer sur une modification de la Loi sur l’électricité. Cette dernière prévoit la promotion des énergies renouvelables pour faire face à l’urgence climatique. Les effets délétères des canicules à répétition, de la pollution de l’air, de l’effondrement de la biodiversité, etc., sur le bien-être des humains ne sont plus à démontrer. La détérioration en cours rend les personnes malades, quand elle ne menace pas leur survie même. La nouvelle mouture législative vise aussi à assurer notre approvisionnement en énergie. Les syndicats soutiennent le projet en raison des impératifs environnementaux et parce qu’il renforce la sécurité des emplois et favorise la création de postes en lien avec la transition écologique. La réforme devrait par ailleurs garantir des prix de l’électricité équitables et stables, le service public suisse restant le principal acteur du marché.