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Serons-nous, demain, tous remplacés par des robots? «C’est une question complexe et débattue», répond évasivement ChatGPT... Une seule certitude: l’intelligence artificielle (IA) générative bouleverse le marché de l’emploi et promet de le transformer en profondeur. D’ores et déjà, nombre d’employés ont été remplacés par des machines. Dans les call centers et les services à la clientèle par exemple, des interlocuteurs en chair et en os cèdent de plus en plus souvent leur place à des chatbots: ces agents conversationnels désincarnés, à la voix métallique faussement engageante qui, au mieux, répondent à vos questions, au pire mettent vos nerfs à rude épreuve. Et interrogent sur le délitement des relations humaines. Séquence nostalgie... Sur la touche, ou déjà sur le carreau, des traducteurs, secrétaires, caissiers, assistants administratifs, banquiers, analystes financiers, journalistes, graphistes, juristes... menacent de venir grossir les rangs de salariés de l’industrie recalés par l’automatisation. Les artistes ne sont pas davantage épargnés, eux qui voient désormais leur créativité nourrir des contenus générés par l’IA. Sans toucher de droits d’auteur. Un pur vol de la propriété intellectuelle. Même spoliation de médias qui ne sont pas rémunérés pour la reprise et la diffusion de leurs informations... L’impact réel à moyen et à long terme de l’IA reste néanmoins difficilement prévisible. Combien de jobs passeront à la trappe? Combien de nouveaux verront le jour? Et pour qui? Plusieurs études se sont penchées sur ces questions. Avec des conclusions qui font le grand écart. Les plus alarmistes prédisent un chômage généralisé. Pour la banque d’investissement Goldman Sachs, auteure d’un rapport publié en 2023, on pourrait par exemple assister au transfert d’un quart du travail effectué par les humains à des algorithmes. Avec, à la clé, la perte de 300 millions de postes aux Etats-Unis et dans l’Union européenne. D’autres rapports misent sur la création de professions d’assistants de machines, d’informaticiens, etc., qui seraient garants d’équilibre. Et vantent le potentiel de prospérité de l’outil. Mais en vérité, on n’en sait rien. Sauf que le train s’est largement emballé, a pris le monde de vitesse et fonce vers l’inconnu. Avec nombre de domaines professionnels où les cartes menacent d’être rebattues. Sans que des réglementations fixent les règles du jeu. Sans prendre en compte les risques pour les droits fondamentaux et le bien-être des travailleurs. L’IA pourrait bien devenir pour les patrons seulement une poule aux œufs d’or, permettant de réduire la main-d’œuvre, de la surveiller à son insu et d’optimiser les tâches en vue d’une productivité accrue. Avec des gains qui ne seront pas pour autant redistribués. Et des machines qui présenteront l’avantage de la docilité, de la constance, d’une perpétuelle présence... Autant dire que le virage numérique peut se traduire par d’importants progrès, ou au contraire dessiner les contours d’un monde cauchemardesque et encore plus inégalitaire. 

Pour qu’elle profite au plus grand nombre, les salariés doivent être intégrés dans la mutation en cours. Et bénéficier au besoin de formations continues ou d’alternatives professionnelles au risque d’un chaos social à large échelle. Si, demain, le travail est largement effectué par des robots et des ordinateurs, il faudra remettre sur la table la question d’un revenu universel de base. Une autre réflexion doit être menée quant à la débauche d’énergie qu’implique cette révolution technologique alors que l’humanité devrait tendre vers la sobriété. Et sortir du cercle infernal de la croissance à tout prix, dans un monde aux ressources limitées. Vaste chantier en perspective... A empoigner à bras-le-corps – une expression bientôt anachronique? – avant que les algorithmes, programmés pour apprendre et ne cessant de gagner en compétences, ne nous mettent tous K.-O...