Un congrès au temps du Covid? Un défi relevé avec maestria par toute l’équipe technique d’Unia qui a réussi à relier quelque 350 participants réunis en quinze endroits du pays. Si les échanges enrichissants, les discussions en aparté entre déléguées et délégués des différentes régions et des groupes d’intérêts, les liens tissés par-dessus les frontières cantonales n’ont pu avoir lieu, comme lors des précédents congrès, le syndicat a néanmoins pu débattre, tant sur la situation actuelle que sur l’avenir. Un débat marqué par une année de pandémie, avec ses dégâts humains, son chômage de masse dans certaines branches, des pertes de revenu massives pour ceux touchant déjà des petits salaires, des emplois précaires qui vacillent. Une année qui a mis en lumière la misère existant dans notre pays, et qui a exacerbé et accru les écarts sociaux. Les pauvres devenant encore plus pauvres, et les riches plus riches, à l’instar de la famille Blocher qui a engrangé des milliards de bénéfices...
Une situation due non seulement à la crise du Covid-19, mais également à la crise du système économique, les possédants cherchant par tous les moyens à faire payer les plus démunis pour accroître leurs profits. Revenant sur les quatre années écoulées, le congrès s’est rappelé que tout acquis est à défendre, comme les maçons l’ont magistralement fait pour leur retraite à 60 ans, menacée par les entrepreneurs. D’autres occasions n’ont pas manqué de se battre contre une droite n’ayant pas attendu la pandémie pour s’attaquer à la Loi sur le travail ou aux mesures de protection des salaires.
Les délégués ont réaffirmé que sans lutte collective et sans solidarité, il n’était pas possible de s’opposer à ces attaques ou de conquérir de nouveaux droits. Sous l’aiguillon de la jeunesse, ils ont opté pour combattre de manière plus résolue toute suppression d’emplois ou toute autre attaque patronale et de recourir à la grève si nécessaire, donnant un coup de canif à une paix du travail sanctifiée dans les conventions collectives. Une paix du travail bien souvent violée par les employeurs eux-mêmes. Les délégués ont aussi appelé à un rapprochement des professionnels du syndicat avec les militants et les travailleurs, et à une plus grande implantation dans les entreprises. Un retour aux sources nécessaire pour atteindre l’un des objectifs que s’est fixé le congrès d’Unia: conquérir le désert syndical des soins privés de longue durée. Un domaine essentiellement féminin, marqué par la précarité et des conditions de travail très difficiles.
Dans un monde en pleine mutation, et à l’âge de la majorité, Unia s’est encore lancé le défi d’une introspection pour aller vers une réforme de ses structures, dans le but de renforcer sa capacité d’action pour la défense des droits des travailleurs. En parallèle des discussions annoncées, le syndicat poursuivra le combat avec, en primeur, une majorité de femmes à sa tête. A la veille du débat au Parlement sur le projet AVS 21 prévoyant de relever l’âge de la retraite des femmes, et d’une nouvelle mobilisation féministe le 14 juin, les délégués ont aussi exprimé leur volonté de s’opposer farouchement à cette nouvelle attaque contre les retraites réalisée sur le dos des femmes. La devise d’Unia est toujours d’actualité: Ensemble, nous sommes forts!