Plus de 137 000 personnes ont signé l’initiative pour une 13e rente AVS. Les signatures ont été déposées vendredi dernier à la Chancellerie fédérale par des responsables syndicaux et des militants qui exigent de meilleures rentes afin d’assurer une vie digne à la retraite. Cela dans un contexte où les pensions sont sous pression
L’initiative AVSx13 a abouti, avec 137550 signatures récoltées en pleine période de pandémie. L’Union syndicale suisse (USS), qui s’en félicite, a déposé les paraphes vendredi dernier à la Chancellerie fédérale à Berne. Une remise à laquelle ont participé plusieurs personnalités et membres d’organisations du comité d’initiative. Pierre-Yves Maillard, président de l’USS, a salué l’engagement de toutes les personnes s’étant investies dans cette campagne de signatures malgré les conditions difficiles. Conseillère aux Etats socialiste, Marina Carobbio a insisté sur le rôle du 1er pilier: «L’AVS est notre moteur social pour l’égalité des rentes, en particulier pour les femmes», a-t-elle déclaré, alors que le président du Syndicat des cheminots, Giorgio Tuti a affirmé que cette initiative permettrait d’apporter une réponse «aux rentes en chutes libres dans le 2e pilier» et d’assurer «le maintien du pouvoir d’achat». Membre de la commission des retraités d’Unia, Köbi Hauri a exprimé les sentiments de ses pairs: «Les retraitées et retraités ont tout simplement besoin d’une augmentation de l’AVS, car beaucoup d’entre eux arrivent à peine à joindre les deux bouts.»
Retraites à la croisée des chemins
Une situation corroborée par l’USS: «Toute personne mérite une bonne rente après une vie de travail. Notre Constitution le dit d’ailleurs expressément depuis presque 50 ans. Mais la réalité est malheureusement tout autre. Dans les faits, la moitié des personnes parvenant aujourd’hui à la retraite doivent s’en sortir avec une rente mensuelle inférieure à 3439 francs», écrit la faîtière dans son communiqué, soulignant que les femmes sont encore plus durement touchées puisque leurs rentes sont de plus d’un tiers inférieures à celles des hommes. «Pour beaucoup d’entre elles, la pauvreté durant la vieillesse est un risque bien réel. Et la situation ne fait qu’empirer: en raison des faibles taux d’intérêt, les rentes des caisses de pension sont en constante baisse depuis plus de dix ans. Une fois réglés le loyer et les primes maladie, beaucoup de gens n’ont plus grand-chose pour vivre». L’USS signale qu’une personne ayant pris sa retraite en 2019 touche 6,8% de moins que celle qui l’a prise deux ans plus tôt, cela alors que les cotisations pour le 2e pilier n’ont jamais été aussi élevées. «Cette initiative tombe à pic, car la prévoyance professionnelle est de toute évidence à la croisée des chemins», constate l’USS.
Dans ce contexte, l’initiative intitulée «Mieux vivre à la retraite», lancée en mars 2020, a rencontré un grand succès. Le texte propose le versement d’une 13e rente AVS, comme s’il s’agissait d’un 13e salaire. Ce qui représente une hausse de 8,33% de la rente AVS annuelle. Pour la financer, les syndicats exigent une contribution financière provenant des bénéfices de la Banque nationale suisse. Rappelant l’importance du système de répartition, et l’excellent rapport entre cotisations et prestations qu’offre l’AVS, la faîtière met aussi en garde contre les velléités des assurances et des banques de développer le 3e pilier, privatisant ainsi la prévoyance vieillesse.
Renforcement du 1er pilier
Face au niveau insuffisant des rentes AVS et à la chute de valeur de celles du 2e pilier, l’USS s’indigne du «véritable projet de démantèlement» que constitue le projet AVS 21 en cours de discussion au Parlement (voir ci-dessous). Réunie juste avant la remise de l’initiative, l’assemblée des délégués de l’USS a adopté une résolution exigeant des bonnes rentes grâce au renforcement de l’AVS, afin qu’elles puissent permettre de vivre. La résolution annonce également que l’USS «se prépare à saisir le référendum» contre le relèvement de l’âge de la retraite des femmes contenu dans AVS 21.