Les présidents de la construction d’Unia remarquent que les mesures de protection sont de moins en moins respectées par les entreprises. Ils demandent que des contrôles efficaces soient mis en place
La deuxième vague de Covid-19 est plus violente que la première, c’est un fait. Pourtant, sur les chantiers, il semblerait que les mesures de protection des employés soient prises à la légère par les entreprises. C’est le constat qu’ont fait les présidents des groupes régionaux de la construction du syndicat lors de leur conférence trimestrielle du 7 novembre dernier. Tous en activité et présents au quotidien sur les chantiers, ils tirent la sonnette d’alarme et dressent un bilan accablant de la situation. «Le travail sur de nombreux chantiers se poursuit actuellement comme avant le Covid-19», souligne François Clément, membre du secteur national de la construction pour Unia. «Durant la première vague, il y avait une sensibilité supérieure et des mesures spécifiques, ce qui n’est pratiquement plus le cas aujourd’hui, malgré un nombre de cas beaucoup plus élevé. La façon de travailler n’est pas adaptée au respect de la distanciation sociale et le masque n’est pas utilisé de manière systématique lorsque la distance ne peut pas être maintenue. Une bonne partie des installations sanitaires laisse de nouveau à désirer, l’eau courante manque parfois, tout comme le matériel de protection, en particulier pour les employés temporaires.»
Manque de dépistage et de contrôles
Autre problème pointé du doigt: si un maçon est testé positif au coronavirus, aucun test de dépistage n’est effectué pour les collègues avec qui il a été en contact étroit. «Et comme les entreprises de la construction menacent parfois de ne pas continuer à verser le salaire pendant la quarantaine, les ouvriers de la construction se rendent à leur travail même s’ils présentent des symptômes», regrette le syndicaliste.
Quant aux contrôles, ils sont largement insuffisants pour ce dernier. Sur les treize présidents présents à la conférence, seul l’un d’entre eux informe qu’un contrôle a été effectué sur son chantier au cours du mois dernier, par ailleurs annoncé au préalable… Pour notre organisation, pas étonnant qu’avec cette faible intensité de contrôles, les mesures de protection ne soient pas respectées. «Cela serait d’autant plus nécessaire que de nombreux chantiers doivent travailler sous une pression extrême des délais, rappelle le responsable syndical. Malgré des retards indépendants de leur volonté au printemps et en été, les maîtres d’ouvrage exigent que les délais initiaux soient respectés.» Pour ce faire, les heures supplémentaires sont courantes dans la construction, tout comme les journées de douze heures.
La majorité des présidents remarque toutefois du positif concernant les locaux de pause, à travers la mise à disposition de baraques supplémentaires et donc plus d’espace pour les travailleurs.
Revendications
Les maçons et leur syndicat préviennent: si la situation ne change pas rapidement, il ne sera guère possible de freiner la propagation du virus sur les chantiers. Partant, ils exigent que les entreprises veillent à appliquer les mesures de protection et à adapter l’organisation du travail.
Les revendications formulées le 7 novembre sont les suivantes: «S’il n’est pas possible de respecter la distance, des masques doivent être fournis et portés. Comme le travail physiquement astreignant est pénible en portant un masque, les entreprises doivent accorder une pause supplémentaire payée de dix minutes toutes les deux heures.»
En ce qui concerne les cas de coronavirus constatés sur les chantiers, des tests sont nécessaires pour les collègues ayant été en contact direct avec les personnes malades, ainsi qu’une mise en quarantaine avec maintien du salaire jusqu’à ce que le résultat de ceux-ci soit connu.
Enfin, pour des contrôles plus nombreux et efficaces, les cantons et la Suva sont appelés à agir. «Unia a de nouveau proposé que les organes de contrôle des partenaires sociaux apportent leur soutien. Pour des raisons incompréhensibles, les employeurs et différents cantons s’y opposent», regrette François Clément.