L’Evénement syndical du 4 mai nous présentait une série de «tableaux» de la fête du 1er Mai en Suisse romande. Qui malheureusement est devenu plus festif que revendicatif. Avant, c’était une journée de lutte de classes, de revendication. Pour les métiers du gros œuvre, on était mobilisés du matin jusqu’au soir. On «vidait» les chantiers qui restaient ouverts, parcourant les alentours de la capitale vaudoise. On a même eu troublé la quiétude de Lutry.
Avec 500 personnes dans les rues de la ville de Lausanne ce dernier 1er Mai, et encore, nous avions en renfort les ouvriers du second œuvre de toute la Suisse romande, comment se montrer crédibles et faire «peur» aux patrons?
Auparavant, le 1er Mai était politisé, ce qu’il devrait toujours être. Syndicalisme et politique sont indissociables. Où étaient les membres de la Municipalité, ou au moins ses représentants au cortège? Idem pour les membres du Conseil communal proche de nos convictions? A l’époque, les partis avaient leurs drapeaux, et chaque métier le leur, et chaque groupe un char revendicatif. C’était le syndicat qui «dictait» ses ordres à la police, circulation ou pas, le cortège ayant souvent lieu le matin, et le rassemblement se tenait au centre-ville.
Il ne sert à rien de se proclamer le plus grand syndicat de Suisse et de faire des manifestations presque en catimini. Il en est de même des journées de revendication des femmes. Il faut se focaliser sur un voire deux points et ne plus faire de généralisme. Mais pour cela, il faut être syndiqué, avoir une base forte dans sa profession. On peut politiser des revendications syndicales. On a l’Union syndicale suisse qui fait du bon travail.
Au congrès de la fondation d’Unia à Bâle en 2004, un de nos dirigeants, euphorique, avait proclamé: «Aujourd’hui nous sommes 200000 et demain nous serons 400000.» On en est malheureusement loin. A trop vouloir centraliser, on a coupé une sorte de cordon ombilical en affaiblissant les liens entre les membres qui ne s’y reconnaissent plus. Alors que le temps devrait faire en sorte que l’on soit fort.
Un très vieux militant nostalgique, Marcel Daepp, Lausanne