Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Sous-enchère à la raffinerie de Cressier

Site de la rafinnerie de Cressier.
© Neil Labrador

Unia demande à la raffinerie d’interdire la sous-traitance, d’imposer aux entreprises choisies l’obligation de remettre des fiches de salaire, des attestations bancaires et des décomptes des heures travaillées certifiant du respect de rémunérations correctes.

Des inspecteurs sont tombés sur des travailleurs de l’Est vraisemblablement payés entre 5 et 10 euros sur le site neuchâtelois

Nouveau cas de sous-enchère, cette fois dans le canton de Neuchâtel. Des travailleurs venant notamment des pays de l’Est ont participé à la maintenance de la raffinerie de Cressier avec des salaires horaires qui n’auraient pas dépassé les 10 euros. D’après Arcinfo, qui a sorti l’affaire la semaine dernière, 680 travailleurs temporaires, dont des ouvriers étrangers, ont été employés au mois de juin durant deux semaines à l’entretien bisannuel des installations pétrolières. Des inspecteurs de l'Office neuchâtelois des relations et des conditions de travail (ORCT) ont contrôlé une soixantaine de travailleurs détachés et sont tombés notamment sur une dizaine d’ouvriers des pays de l’Est sous-payés. Ils auraient touché pour leur activité entre 5 et 10 euros de l’heure, soit de 5,5 à 11 francs, alors que le salaire minimum cantonal impose un tarif horaire de 20,02 francs. En outre, selon l’enquête du quotidien neuchâtelois, des ouvriers ont été amenés à travailler six à sept jours par semaine et jusqu’à treize jours d’affilée. Interrogé, le Service neuchâtelois de l’emploi, dont dépend l’ORCT, n’a pas confirmé ces informations… mais ne les conteste pas non plus. « S’il est avéré que des travailleurs ont gagné entre 5 et 11 francs de l’heure sur sol neuchâtelois, c’est inacceptable », commente Catherine Laubscher. Pour sa part, Unia vient de recevoir des travailleurs qui ont également clairement été sous-payés, alors qu’ils œuvraient à des activités soumises à une convention collective de travail de force obligatoire. De plus, après intervention de l’ORCT, nombre d’entre eux ont été licenciés par téléphone le dernier jour de travail de juin, avec effet immédiat, alors que leur contrat de durée déterminée allait jusqu’à fin juillet. Juste illégal et scandaleux fait remarquer la secrétaire régionale d’Unia Neuchâtel.

Non-sens...

La raffinerie Varo se défend auprès d’Arcinfo en expliquant qu’elle doit faire appel à des sociétés spécialisées installées en France, aux Pays-Bas et au Danemark, qui elles-mêmes peuvent sous-traiter des activités. L’entreprise rappellerait toutefois à ses sous-traitants les obligations légales en vigueur en Suisse et à Neuchâtel. Pour Catherine Laubscher, c’est insuffisant et manifestement totalement inefficace, eu égard au nombre de graves problèmes rencontrés dans ces travaux de maintenance qui ont occupé selon Varo 89 entreprises dont 39 étrangères et quelque 680 travailleurs temporaires. «Nous demandons à la raffinerie d’interdire la sous-traitance, d’imposer aux entreprises choisies l’obligation de remettre des fiches de salaire, des attestations bancaires et des décomptes des heures travaillées attestant du respect des salaires corrects; et à l’Etat de contrôler à l’avenir systématiquement l’ensemble des détachés pour ces maintenances. Nous voulons aussi que le salaire minimum versé soit celui des branches similaires, comme les techniques du bâtiment, l’électricité ou les échafaudages et pas seulement l’équivalent du salaire minimum neuchâtelois», détaille la secrétaire syndicale.

Le dossier va atterrir sur la table de la Commission tripartite neuchâteloise. «Les partenaires sociaux ont demandé une discussion au prochain bureau de la commission. Il faut aussi rencontrer l’entreprise. La raffinerie mène régulièrement des travaux de maintenance, il faut poser des conditions, obtenir une transparence et ne plus être confrontés à des sous-enchères de ce genre ».

Enfin, pour la secrétaire régionale, réduire de moitié le délai d’annonce de huit jours pour les travailleurs détachés, comme cela est évoqué dans les négociations sur l’accord institutionnel avec l’Union européenne, serait un « non-sens» et un «scandale»: «Il n’est déjà pas évident de réaliser les contrôles dans le temps imparti. Les mesures d’accompagnement ne doivent pas être affaiblies, mais, au contraire, renforcées.»

Pour aller plus loin

Saint-Gall: Dégradation des conditions de travail à SFS

Le groupe industriel SFS a demandé à une partie de ses collaborateurs de travailler davantage sans compensation salariale et a supprimé cinq jours de vacances

Une mondialisation pas si heureuse

Cadre de travail dans l'industrie.

Une étude du chercheur suisse Aris Martinelli montre que l’organisation mise en place par les multinationales conduit à une dégradation des conditions de travail

Le Canton de Vaud garnit son fonds de soutien à l’industrie

Le Fonds vaudois de soutien à l’industrie avait été proposé par le comité des métallos d’Unia lors d’assises de la place industrielle du canton, mises sur pied face aux menaces sur les emplois.

Devant les incertitudes économiques, 10 millions de francs sont injectés pour soutenir les PME, une mesure saluée par le responsable national de l’industrie d’Unia, Yves Defferrard

Une convergence des luttes indispensable

Des travailleurs de l’industrie et des militants climatiques ont réfléchi à des actions communes. Si la collaboration avec le syndicat n’est pas nouvelle, les deux parties souhaitent la renforcer. Photo: manifestation du 30 septembre dernier à Berne.

Unia Vaud a organisé un échange entre des travailleurs du secteur de l’industrie et des militants de la Grève pour l’avenir. Constructif