A Genève, les électeurs devront se prononcer le 18 juin prochain sur deux objets fiscaux visant à réduire les inégalités et à mieux répartir les richesses. Explications
Dans moins d’un mois, les électeurs du bout du lac seront appelés aux urnes. Au menu de ces votations, outre notamment l’initiative «1000 emplois» (voir ici) et le congé parental (voir ici), deux objets fiscaux cantonaux portés par la Plateforme pour la justice fiscale, composée de partis de gauche et de syndicats, dont Unia.
Rappelons d’abord le contexte. A Genève, canton le plus inégalitaire de Suisse, le fossé ne cesse de se creuser avec 2% de la population qui possèdent 63% des richesses. Les plus fragiles, à savoir les travailleurs, les chômeurs, les retraités et les locataires, voient leur situation se détériorer toujours plus, avec la hausse constante des loyers, des primes d’assurance maladie et la stagnation de leurs revenus. Face à cette détresse sociale, les plus aisés, c’est-à-dire les très grandes fortunes, bénéficient d’allégements fiscaux et autres baisses d’impôts, des «cadeaux dont ils n’ont nullement besoin», estime la Plateforme pour la justice fiscale, qui a lancé sa campagne en vue des votations le 4 mai dernier.
Effort temporaire
Partant de ce constat, la Plateforme a lancé l’initiative «Pour une contribution temporaire de solidarité sur les grandes fortunes», qui propose d’instaurer un impôt solidaire de 2,5 à 5 pour mille pour les fortunes dépassant les 3 millions de francs, et ce pendant dix ans. Dans le même temps, le texte permettra de tripler les déductions sociales. Le projet pourrait rapporter environ 350 millions de francs au Canton et 85 millions aux communes (dont 35 millions de francs à la Ville de Genève).
Le but? Renflouer les caisses des collectivités publiques, investir dans les services à la population qui sont débordés ou insuffisants et pallier les effets de la crise sanitaire et de l’inflation, afin de rééquilibrer les choses.
Pour la Plateforme pour la justice fiscale, il s’agit d’un petit effort pour les super-riches et d’un grand effet pour toute la population. «Après des décennies de baisses d’impôts successives et systématiques qui font perdre des milliards aux collectivités publiques, les résultats excédentaires ne doivent pas nous tromper, alarme-t-elle dans un communiqué de presse. Ils sont le fruit de résultats conjoncturels exceptionnels. Et de budgets conçus dans le but de justifier l’austérité. Il est temps de réagir!»
Non à la LEFI
Si elle invite à voter OUI à son initiative, la Plateforme appelle par contre à voter NON à la Loi sur les estimations fiscales de certains immeubles (LEFI), contre laquelle elle a lancé un référendum.
De quoi parle-t-on? «Les propriétaires de biens immobiliers ne sont aujourd’hui pas traités de la même façon, et ce en toute illégalité», détaillent la gauche et les syndicats dans leur communiqué commun. «Les nouveaux propriétaires voient leur bien immobilier estimé à leur valeur actuelle, alors que les anciens propriétaires jouissent d’une sous-estimation chronique de leur bien, et cela depuis des décennies. Ce sont ainsi des milliards qui sont perdus pour la collectivité. La Confédération a sommé le Canton de corriger cette inégalité, mais au lieu de procéder à une réévaluation complète de biens immobiliers, la droite bourgeoise a aggravé le mal en proposant un véritable hold-up fiscal. Elle en a profité pour réduire l’impôt sur la fortune des personnes les plus aisées, sans que le problème de sous-estimation des biens immobiliers soit réglé.»
Considérant que cette loi maintient l’inégalité de traitement entre anciens et nouveaux propriétaires, et qu’elle octroie des avantages aux gros propriétaires qui n’en ont pas besoin, la Plateforme appelle à voter contre cet objet, dont l’application entraînera des pertes d’au moins 100 millions de francs par année aux collectivités.