Plus de 300 personnes se sont mobilisées à Genève pour dénoncer les renvois forcés vers l’Ethiopie
Mercredi dernier, plus de 300 personnes se sont réunies sur la promenade de la Treille à Genève pour protester contre les renvois forcés vers l’Ethiopie. Le rassemblement faisait écho aux cas de Tahir et de Salomon, renvoyés par vol spécial fin janvier. Le premier venait pourtant d’être hospitalisé à la suite de quatre jours de grève de la faim et de la soif. Les manifestants ont jugé l’expulsion inhumaine. Ils ont dénoncé «la lâcheté coupable du Conseil d’Etat» alors qu’il dispose, estiment-ils, d’une marge de manœuvre pour empêcher cette issue. «Aujourd’hui nous sommes là pour dire stop, gardez pour vous vos mensonges et vos larmes de crocodile. On vous demande d’agir (…). Si vous n’avez pas été capables de le faire jusqu’à présent, c’est uniquement par manque de volonté politique», a déclaré Solidarité Tattes. La complicité des HUG – où Tahir avait été hospitalisé – avec les forces de police a, elle aussi, été fustigée. Pour l’association citoyenne active dans la défense des migrants, il est inimaginable que ces derniers aient délivré un certificat médical attestant du bon état de santé de Tahir. Ce renvoi fait suite à de nombreux autres cas et pose plusieurs questions: «La police a-t-elle le droit d’embarquer de force un patient qui ne se trouve pas au quartier cellulaire des HUG mais aux urgences? Comment est-il possible que le médecin de l’entreprise mandatée par le Secrétariat d’Etat aux migrations pour juger de l’aptitude de Tahir à voyager ait donné son feu vert alors qu’il ne l’a pas examiné? Il a agi sur la seule base d’examens médicaux conduits en quelques minutes par les médecins des HUG. Le Conseil d’Etat pourrait-il faire pression sur le Conseil fédéral pour demander de réexaminer les accords de réadmission avec l’Ethiopie tenus secrets, étant donné les graves violences internes qui touchent actuellement ce pays?» a questionné en substance, entre autres, J. Franck, l’une des amies de Tahir, dans un communiqué. Et d’ajouter que, faute d’avoir réussi à empêcher le renvoi de son ami, elle espère contribuer à faire réfléchir sur ces mécanismes et à les changer. Solidarité Tattes a exigé que les autorités fassent un pas de côté et se positionnent clairement face à Berne pour ne plus expulser vers l’Ethiopie, un pays rongé par les tensions ethniques et les conflits armés.