Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Syndicalistes pas les bienvenus sur les chantiers genevois

Des syndicalistes brandissent une banderole sur laquelle on peut lire: Accès aux chantiers refusés: liberté syndicale en danger!
© Olivier Vogelsang

Les trois syndicats genevois de la construction ont tenu une conférence de presse la semaine dernière devant le chantier du Sacré-Cœur pour dénoncer les mesures visant à empêcher les syndicalistes d’informer les travailleurs sur leurs lieux de travail.

Après des expulsions à répétition, Unia, le Sit et Syna dénoncent des entraves inacceptables aux libertés syndicales

Les voies du chantier sont impénétrables? A Genève, les syndicalistes d’Unia, du Sit et de Syna ont été refoulés de celui de la rénovation de l’église du Sacré-Cœur et ils l’ont dénoncé haut et fort la semaine dernière. «J’étais entré pour distribuer des informations aux travailleurs et un conducteur de travaux m’a fermement raccompagné vers la sortie», relate Thierry Horner, secrétaire syndical du Sit. La même mésaventure est arrivée à des secrétaires syndicaux d’Unia et de Syna. «Dans le passé, nous avons eu de gros problèmes avec Edifea, l’entreprise générale chargée du chantier. Elle a été épinglée pour de la sous-traitance abusive et on peut se demander s’il n’y a pas, là encore, anguille sous roche.» Interrogé par Le Courrier, un responsable d’Edifea a donné des explications peu convaincantes: «Pour des questions d’assurance, le maître d’ouvrage a exigé que le chantier soit hermétiquement fermé. Personne ne peut donc y accéder, les syndicalistes pas plus que quiconque.» Secrétaire syndical d’Unia, José Sebastiao conteste: «C’est faux, il n’y a pas de problème de sécurité, nous sommes équipés de chaussures de chantier et de casques, et nous nous rendons uniquement dans la baraque durant les pauses.»

Trente incidents cette année

L’incident du Sacré-Cœur pourrait n’être qu’anecdotique s’il ne reflétait pas, selon les trois syndicats genevois, une inquiétante et inacceptable restriction des libertés syndicales. «C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase», dit José Sebastiao. Le syndicaliste a en effet fait le compte: «Entre janvier et septembre, nous avons rencontré 18 problèmes d’accès à des chantiers. Et, depuis le 26 septembre, date à laquelle nous avons annoncé la grève des 7 et 8 novembre, nous n’avons pas pu accéder à douze chantiers supplémentaires, comme s’il s’agissait d’empêcher la mobilisation.» Depuis des décennies, l’usage est pourtant admis à Genève que les syndicalistes puissent accéder sur les chantiers durant les pauses de 9h et de midi. «Aujourd’hui, il y a une volonté que nous n’allions pas sur les chantiers afin d’éviter une dénonciation et une inspection. Avec les services de sécurité, ils ont trouvé la combine pour nous interdire l’accès.»

«Notre travail gêne»

«Durant la pandémie ou pendant la canicule, certaines entreprises ont commis des abus graves et les syndicats ont joué un rôle majeur. Si on restreint ce droit d’accès aux chantiers, cela va poser des problèmes de santé et de sécurité. Les travailleurs discutent parfois plus facilement avec un syndicaliste qu’avec un inspecteur», ajoute Thierry Horner.

Les syndicats indiquent avoir demandé l’inscription de ce droit d’accès dans le nouveau règlement cantonal sur les chantiers en cours d’élaboration par une commission tripartite. Mais les représentants patronaux et du Département du territoire ont dit niet. «Notre travail gêne autant les patrons que l’Etat qui n’assume pas ses responsabilités», en conclut Carlos Massas, secrétaire syndical de Syna Genève, qui assure n’avoir «jamais été expulsé comme ça d’un chantier en trente ans d’activité».

Les syndicats ont décidé de faire de ce droit d’accès l’une des revendications principales pour le prochain renouvellement de la Convention genevoise du gros œuvre.

Pour aller plus loin

Fribourg durcit la lutte contre le travail au noir

Un peintre au travail.

A l’unanimité, le Grand Conseil a décidé de mesures fortes, permettant de fermer des chantiers et d’amender les entreprises fautives jusqu’à un million de francs. Une première dans le pays et un succès pour les partenaires sociaux

«Ils veulent qu’on travaille toujours plus vite»

Le syndicaliste José Sebastiao informe les travailleurs de l’enquête menée par Unia.

Unia part à la rencontre des maçons sur les chantiers de Suisse pour les interroger sur la question de la pression des délais et ses conséquences. Reportage à Genève

Les électriciens récompensés

Le 19 mai 2018, quelque 400 électriciens venus de toute la Suisse ont manifesté à Zurich devant le siège des patrons pour exiger des améliorations substantielles de leurs conditions de travail et d’embauche.

Après des mois de mobilisation, les électros pourront bénéficier d’une nouvelle CCT dès le 1er janvier 2020, comprenant notamment d’importantes avancées salariales. Détails

Canicule: des chantiers vaudois à l’arrêt

La canicule additionnée à la pénibilité des travaux menace la santé des ouvriers.

Unia et la Fédération vaudoise des entrepreneurs ont activé la semaine dernière le Fonds santé et sécurité. Une première à cette période de l’année