Mafalda, épouse de Joao, coffreur de 33 ans.
«Mon mari est maçon depuis douze ans. Il aime beaucoup son travail, et il le fait bien.
Il est actuellement temporaire, et espère décrocher un contrat fixe. C’est important pour lui, comme pour moi, qu’il se mobilise aujourd’hui, car nous voulons que son salaire augmente et qu’il ait plus de droits à l’avenir. Je pense aussi que la retraite doit être avancée, 60 ans c’est trop tard pour le travail physique qu’ils fournissent. Il n’a que 33 ans et, pourtant, quand il rentre le soir, il est cassé! Certains jours, il est tellement fatigué qu’il est insupportable (rire).
L’hiver, il part de la maison à 6h50 et rentre vers 16h30, mais l’été, il s’en va à 6h et ne revient pas avant 17h30, pour un salaire net qui oscille entre 3800 et 4200 francs. Au quotidien, ils sont aussi mis en danger et doivent prendre des risques, car les chefs leur demandent d’aller vite et les stressent pour finir le plus rapidement possible.
En général, en tant que temporaire, il s’arrête la semaine avant Noël. Des fois avant, s’il y a beaucoup de neige. Et ensuite, l’activité ne reprend pas avant le mois de février. Cet été, à Lausanne, malgré la canicule, il n’a jamais interrompu le travail. Il rentrait à la maison tout rouge: il n’y avait rien à disposition sur le lieu de travail pour se protéger, et de toute façon, les ouvriers n’ont pas le temps pour respecter les consignes comme s’arrêter pour boire et se mettre de la crème solaire.
Les propos des employeurs qui ont été relayés dans les médias ne sont vraiment pas justes. Ils aimeraient que les maçons fassent plus mais c’est impossible, ils ne peuvent pas faire plus, ce ne sont pas des machines!
En cas de vide conventionnel, c’est clair, on rentre au Portugal. Travailler 50 heures par semaine pour des salaires moindres, et sans aucune protection conventionnelle, c’est exclu, je ne l’accepterai pas! Je ne veux pas que mon mari finisse comme mon père, incapable de travailler depuis ses 56 ans. On espère que la lutte portera ses fruits.»