Tragicomédie plus amère que drôle à l’affiche du théâtre Alchimic à Genève*, qui présente, jusqu’au 24 mars, Deux frères. Signée Fausto Paravidino, mise en scène par Camille Edith Bouzaglo, cette pièce raconte l’histoire de Boris et Lev, deux frères fusionnels qui hébergent dans leur appartement Erika. Une cohabitation pour le moins difficile. La jeune femme – qui a successivement une liaison avec le cadet, puis l’aîné – refuse de se plier aux règles de vie commune. Et néglige ménage, rangement, et courses. Sa personnalité indépendante, libre, son mépris du code de bonne conduite, son infidélité, heurtent les frangins. Fragilisent leur équilibre relationnel et questionnent leurs valeurs. Attisent leur rancœur. Au fur et à mesure du récit, la tension monte, accentuée par un rythme soutenu et des dialogues virulents. Le trio évolue dans un huis clos, une cuisine aménagée sur une scène tournante, symbolisant le cercle vicieux dans lequel il se trouve enfermé. Aux frictions induites par la gestion non partagée d’un quotidien banal succède une violence psychologique et physique qui va crescendo jusqu’à l’irréparable... Deux frères jette une lumière crue sur les relations amoureuses qui dérapent, entre possessivité, jalousie, immaturité. Le récit aborde la problématique de l’exclusion, du rejet de la différence, de la loi du plus fort et des brutalités susceptibles de s’exercer à l’encontre des femmes. Un dernier sujet d’une actualité brûlante. La Suisse recense chaque deux à trois semaines un féminicide. La victime est généralement tuée par son conjoint ou son ex-conjoint...
* Théâtre Alchimic, avenue Industrielle 10, Carouge. Représentations le 22 mars à 20h, et le samedi et le dimanche 23 et 24 mars à 19h.