Manifestations le 30 octobre à 13h à Genève, Olten, Zurich et Bellinzone.
Plus d’infos sur: solidarite.unia.ch/manifestations
Alors que les patrons de la construction réclament de nouveau un gel des salaires, les syndicats demandent 100 francs d’augmentation pour tous les travailleurs. Le ton se durcit de chaque côté
C’est un véritable bras de fer qui se joue entre les syndicats et les associations patronales de la construction. Alors que la Convention nationale du secteur arrivera à échéance en 2022, les négociations salariales sont actuellement en cours. D’un côté, Unia et Syna réclament une augmentation salariale de 100 francs pour tous les maçons sans distinction et un panier-repas relevé de deux francs. «Le secteur de la construction est en plein boom, justifient les syndicats. Il n’y a jamais eu autant de demandes de permis de construire qu’en 2021. Jamais auparavant les carnets de commandes n’ont été aussi remplis. Les travailleurs de la construction effectuent une quantité énorme de travail sous une grande pression qui a encore augmenté avec la pandémie.»
De l’autre, la Société suisse des entrepreneurs (SSE) refuse catégoriquement l’idée d’une augmentation, prétextant n’avoir aucune marge possible, et réclame un gel des salaires. Dans un communiqué de presse, la SSE indique que le niveau des salaires dans le secteur principal de la construction est «déjà élevé». «Une augmentation générale des salaires ne serait plus en adéquation avec ce que les entreprises peuvent réellement verser. La SSE maintient son engagement en faveur de la préservation du maximum d’emplois. Bien entendu, si les entreprises veulent récompenser le travail de certains employés, elles sont tout à fait libres de le faire.»
Pour Chris Kelley, coresponsable du secteur de la construction chez Unia, cela n’est pas audible. «Les maçons ont travaillé chaque jour, durement, malgré la pandémie et ils ont contribué au succès de l’économie dans le bâtiment, qui a été une année record! Tous y ont participé, c’est pourquoi ils méritent tous une augmentation de salaire, sans exception. Les travailleurs sont indignés, ils ne comprennent pas l’attitude de la SSE qu’ils considèrent comme un manque de respect.»
La faute à la SSE
Pour conforter sa position, la SSE a publié une enquête sur les salaires 2021 dans la construction, démontrant que ces derniers avaient été stables par rapport à 2020. Les syndicats n’interprètent pas les résultats de la même manière. «Dans pratiquement toutes les catégories salariales, les salaires ont baissé par rapport à 2020. De 0,4% pour les contremaîtres, de 0,3% pour les chefs d’équipe, de 0,2% pour les ouvriers qualifiés et de 0,3% pour les ouvriers non qualifiés avec expérience professionnelle.»
Pour Unia et Syna, la SSE se tire une balle dans le pied. «Il n'est pas étonnant, au vu de cette politique malavisée de la Société suisse des entrepreneurs, que la pénurie de travailleurs qualifiés dans le secteur de la construction s'accentue», dénonce le syndicaliste. En effet, le nombre d'apprentis choisissant ce métier a presque diminué de moitié au cours des dix dernières années. Et déjà aujourd'hui, plusieurs centaines de postes de contremaîtres vacants ne peuvent être pourvus. Cette tendance s'intensifiera avec le départ à la retraite des baby-boomers. À cela s’ajoute qu’un maçon sur dix nouvellement formé quitte le secteur après moins de cinq ans, un taux de départ trois fois plus élevé que la moyenne de l'ensemble des branches en Suisse selon les statistiques. «La pénurie de main-d’œuvre est réelle et dangereuse pour le domaine, poursuit Chris Kelley. La SSE le sait, mais elle n’est pas prête à mettre la main au portefeuille et à mettre en œuvre de véritables changements pour inverser la courbe.»
Tous sur le pont!
La prochaine et dernière ronde de négociations aura lieu le 4 novembre. Pour faire pencher la balance et convaincre, enfin, les associations patronales que les travailleurs méritent eux aussi leur part du gâteau, il est impératif que les maçons se mobilisent massivement le 30 octobre dans toute la Suisse.
Manifestations le 30 octobre à 13h à Genève, Olten, Zurich et Bellinzone.
Plus d’infos sur: solidarite.unia.ch/manifestations