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Un archipel se dévoile

Exposition.
© Sylviane Herranz

L’exposition présente des portraits de personnes solidaires avec les migrants, sans mentionner leur nom, mais en précisant leur profession et la nature de leur engagement.

Le Centre de la photographie de Genève expose quelques éléments d’une vaste étude documentaire sur les solidarités à l’œuvre en Grèce hier et aujourd’hui

C’est par petites touches, de portraits de personnes engagées dans les mouvements de solidarité avec les migrants, de citations, de paysages, que se dévoile une partie de l’immense travail réalisé par la philosophe française Christiane Vollaire et le photographe Philippe Bazin. L’exposition «Un Archipel des Solidarités. Grèce 2017-2020», au Centre de la photographie de Genève, affiche les visages de ces acteurs solidaires, dont on ne connaîtra pas le nom, mais seulement la profession et l’engagement de chacun. Les réfugiés, eux, sont présents par de rares écrits auxquels font écho ceux d’autres exilés, intérieurs cette fois, victimes de la répression durant l’occupation nazie ou la guerre civile.

Sur les murs blancs, les réflexions interpellent. Comme celle de ce jeune Camerounais de 26 ans, recueillie au camp de Moria en 2018: «Pourquoi les Européens appellent les gens “vulnérables”? Ils veulent des malades, ou quoi? On n’est pas des moribonds, on veut travailler. (…) Vous traversez la mer, vous prenez tous les risques, et on vous dit à l’arrivée que, pour avoir des droits, il faut être “vulnérable”.» Un peu plus loin, un Grec de 68 ans raconte: «En 1947, mon père a été transféré à Makronissos. Il m’avait parlé des tortures. Ce qui était affreux, c’était les haut-parleurs toute la journée qui hurlaient des chansons militaires, des ordres sur ce qu’il fallait faire pour devenir de bons Grecs, des appels au bureau de torture. Comment ont-ils pu tenir debout? Par la solidarité et la vie commune.» D’autres questions encore, restées sans réponse. Ainsi, celle d’un fondateur de l’association Agkalia, recueillie sur l’île de Lesbos: «Quand on parle des racines de la guerre, les gens disent: “C’est très compliqué. Qu’est-ce qu’on peut faire de mieux que de donner des sandwiches?”»

Quelques paysages suggestifs sont aussi accrochés. Une plage vide, qui a vu débarquer les migrants. Un amas de gilets de sauvetage, décharge à ciel ouvert d’une détresse d’où ont pu s’extirper, provisoirement, des êtres humains.

Comme le dit la philosophe, cette exposition n’est qu’un «fragment» de l’immense recherche qu’elle a effectuée avec le photographe Philippe Bazin, en sillonnant la Grèce et ses îles pour y recueillir de nombreux témoignages d’un mouvement aux multiples facettes, humaines, géographiques et historiques. Ce travail vient d’être publié dans un ouvrage intitulé: Un Archipel des Solidarités*, reproduisant entretiens et images de ce périple.

D’autres événements ont ponctué cette exposition. Ultime rendez-vous, la projection du film documentaire Zones et Passages (Ζώνες και περάσματα, 2019) sur le travail et le chômage dans la crise grecque actuelle, le jeudi 15 octobre à 18h30 au Cinélux à Genève. Séance suivie d’une discussion avec la cinéaste Iro Siafliaki, la monteuse et les auteurs de l’exposition. Une collecte a aussi été organisée afin de soutenir le camp indépendant de Pikpa à Mytilène (lesvossolidarity.org) accueillant des personnes vulnérables.

*Le livre peut être obtenu auprès du Centre de la photographie ou aux Editions Loco.

Exposition «Un Archipel des Solidarités. Grèce 2017-2020», Centre de la photographie Genève, rue des Bains 28, Genève. Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h. Jusqu’au 18 octobre. centrephotogeneve.ch

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