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Un grand pas vers la revalorisation des salaires dans la coiffure

Revalorisation du métier. L’accord conclu entre les partenaires sociaux prévoit une hausse différenciée des salaires minimums chaque année jusqu’en 2027.
© Thierry Porchet

Revalorisation du métier. L’accord conclu entre les partenaires sociaux prévoit une hausse différenciée des salaires minimums chaque année jusqu’en 2027.

La Convention collective nationale de la branche a été renégociée, avec à la clé des améliorations substantielles des salaires minimums en début de carrière

Résultats en demi-teinte pour le renouvellement de la Convention collective de travail (CCT) des coiffeuses et des coiffeurs. D’un côté, il y a une forte revalorisation des salaires minimums durant les trois premières années de vie professionnelle et, de l’autre, une hausse moindre pour les employés plus expérimentés. Les négociations de la CCT, qui arrivait à échéance cette fin d’année, ont été longues et difficiles, explique Igor Zoric, responsable de la branche chez Unia. Malgré plusieurs interruptions, les partenaires sociaux, Unia et Syna côté travailleurs et Coiffuresuisse côté employeurs, ont récemment abouti à un accord et demandé la force obligatoire de cette nouvelle CCT 2024-2027.
Un changement de système est intervenu au niveau des rémunérations. Jusque-là, les salaires minimums étaient fixés pour les cinq premières années d’expérience. Désormais, seules les trois premières années sont prises en compte dans la grille salariale. Les revenus de base de ces trois années bénéficient d’une hausse significative. En 2024, une coiffeuse avec CFC gagnera 4000 francs la 1re et la 2e année (+150 francs) et 4190 francs la 3e année (+290 francs). Une personne semi-qualifiée, avec attestation fédérale professionnelle (AFP), touchera 3650 francs la 2e année (+180 francs) et 4050 francs pour la 3e année (+450 francs). A noter que, pour cette catégorie, aucun salaire n’est spécifié pour la première année. Enfin, les coiffeuses non qualifiées devront être payées 3550 francs la 1re année (+80 francs), 3630 francs la 2e (+160 francs) et 3950 francs la 3e (+350 francs).

Hausse progressive jusqu’en 2027
L’accord intervenu entre les partenaires sociaux prévoit une hausse différenciée des salaires minimums chaque année jusqu’en 2027. Les progressions permettent une augmentation totale de 10,1% à 14,3% sur quatre ans pour les personnes avec CFC, de 14,7% à 16,6% pour les semi-qualifiés et de 11,8% à 15,2% pour les non-qualifiés. Pour les personnes ayant quatre ou cinq ans d’expérience, dont les salaires ne sont plus fixés par la CCT, la revalorisation sera beaucoup plus modérée, les minimums avec trois ans d’expérience faisant foi. «Même si les hausses obtenues sont importantes, une coiffeuse avec CFC ne gagnera que 4460 francs fois 12 en 2027, pour 43 heures par semaine, ce qui reste un salaire assez bas», souligne Igor Zoric.
Une autre amélioration a été apportée à la CCT: le montant que l’employeur peut soustraire du salaire durant les 1re et 2e années après le CFC en cas de non-atteinte du chiffre d’affaires a été diminué de moitié. «Cette baisse sera de 200 francs la première année et de 100 francs la deuxième. En contrepartie, le patron doit offrir trois jours de formation professionnelle», indique le syndicaliste.
Igor Zoric se dit satisfait de ces résultats, même si certaines catégories progresseront très peu au final: «Des jalons ont été posés dans la CCT pour une revalorisation de la branche. Beaucoup de personnes quittent la profession ou rechignent à se former. Ces hausses permettront d’augmenter l’attractivité du métier pour les plus jeunes.»

Vacances supplémentaires
Le syndicaliste ajoute qu’un autre point positif a pu être intégré à la nouvelle CCT: la possibilité de renégocier les salaires convenus en cas de forte inflation et de saisir l’Office fédéral de conciliation s’il n’y a pas d’accord avec les patrons. Les syndicats ont également réussi à prolonger de 2,5 jours les vacances, ce qui les porte à 5,5 semaines pour les moins de 20 ans, 4,5 semaines dès 20 ans et 5,5 semaines après cinq ans dans la même entreprise, hors apprentissage.

Dumping énorme
Un autre élément important a pu être négocié: le renforcement des contrôles et de la peine conventionnelle pour les patrons fautifs, qui passera de 8000 à 25000 francs. «Aujourd’hui, plus de la moitié des entreprises contrôlées ne respectent pas les minimums salariaux. Mais la fréquence de ces contrôles est de dix à vingt ans pour les salons de coiffure. Avec la nouvelle CCT, nous visons une visite tous les cinq ans», précise le syndicaliste, qui dit encore sa satisfaction que la CCT ait pu être renouvelée pour ces quatre prochaines années. «Sans convention collective dans la branche, la situation serait catastrophique. Le dumping est énorme.»

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