Le Manifeste sur: grevepourlavenir.ch
Un Manifeste pour une convergence des luttes écosociales
En vue de la mobilisation du 21 mai prochain, la Grève pour l’avenir publie un Manifeste pour un avenir écologique, solidaire et équitable. Extraits
L’exploitation de la nature et de l’humain induite par une croissance économique aveugle, le patriarcat et l’impérialisme empêchent l’avènement d’une société juste, démocratique et durable. Voilà le message en première page du Manifeste de la Grève pour l’avenir, publié le 6 avril, avec en ligne de mire un appel à une mobilisation d’ampleur le 21 mai prochain. L’alliance réunit Grève du climat, syndicats, collectifs féministes et autres organisations de la société civile. Elle rappelle une fois encore son message essentiel: «Pour éviter la catastrophe, le réchauffement climatique doit être limité à 1,5 degré. Si nous échouons, nos écosystèmes s’effondreront et les injustices sociales déjà existantes connaîtront une forte aggravation.» Le Manifeste appelle à un profond changement pour rompre «avec un système guidé par le seul profit à court terme au bénéfice d’une minorité privilégiée», avec de nouvelles formes de démocratie, une participation à l’échelle d’un quartier, d’un lieu de travail ou de formation, un droit de vote élargi et un financement transparent de la politique. Pour atteindre la neutralité carbone au plus vite, il invoque, entre autres: la sortie des énergies fossiles; le développement des énergies renouvelables et l’isolation des bâtiments (mesures créatrices d’emplois); la diminution de la consommation; une nouvelle mobilité; un système alimentaire social, paysan et agroécologique; une éducation pour une société juste sur les plans climatiques et sociaux; un soutien à la culture; la reconnaissance de la crise climatique comme motif d’asile; ainsi qu’un système financier transparent sans investissements polluants et meurtriers. «Les institutions financières doivent être en mesure de présenter, d’ici à fin 2021, des plans assortis d’objectifs et de mesures concrètes pour que l’empreinte carbone de leurs flux financiers soit réduite à zéro d’ici à 2030.» Le Manifeste souligne ainsi la part de responsabilité des décideurs politiques, des grandes entreprises et du secteur financier en Suisse pour le développement durable à l’échelle mondiale. «Nous demandons une réglementation légale des industries en accord avec les droits humains et les objectifs écologiques fondamentaux définis par l’ONU.»
Pour des emplois durables
«Le tournant écologique implique le démantèlement des industries et des services polluants», peut-on lire encore dans le Manifeste, mais «ce n’est pas aux travailleuses et aux travailleurs des secteurs voués à disparaître de payer ce tournant». Ceux-ci doivent «bénéficier de garanties de revenus ou d’emploi et de possibilités de reconversion». La Grève pour l’avenir estime aussi que «tout le monde devrait pouvoir prendre des décisions démocratiques et collectives au travail concernant notamment la gestion des ressources et le cadre de celui-ci ainsi que d’avoir la possibilité de participer aux choix stratégiques de l’entreprise».
L’alliance rappelle que la crise écologique et climatique est aussi une crise sanitaire, comme l’a révélé la pandémie. La prévention doit donc être un enjeu de santé publique, affranchie des logiques de profit. «Nous voulons que toute la chaîne de la santé, de la recherche aux soins en passant par l’industrie pharmaceutique, relève du service public.»
Plus largement: «Pour que le tournant soit social, nous voulons des investissements publics majeurs dans la création d’emplois durables, stables, sains, rémunérés correctement, et un travail qui fait sens. Cela nécessite un service public fort financé proportionnellement aux revenus et aux fortunes ainsi que l’arrêt des privatisations qui contribuent à la concentration des richesses.» La Grève pour l’avenir demande aussi «une réduction du temps de travail avec une compensation salariale complète pour les revenus inférieurs et moyens – des semaines de travail plus courtes, un congé parental plus long et un abaissement de l’âge de la retraite!» Et ce, afin de réduire l’empreinte écologique, créer les conditions du plein-emploi et d’une répartition équitable du travail domestique, éducatif et de soins aux proches.