Les citoyens des bords de la Limmat ont accepté l’introduction d’une «Züri City-Card» devant faciliter la vie des personnes sans statut légal. Unia salue la démarche
Le 15 mai, par 51,69% des suffrages, les citoyens de la ville de Zurich ont accepté en votation le projet d’une carte d’identité locale facilitant la vie des sans-papiers. Un crédit de 3,2 millions de francs est débloqué pour financer les travaux préparatoires en vue de l’introduction de la «Züri City-Card». Opposés à la mesure, les partis bourgeois avaient déposé un référendum.
«C’est une très bonne nouvelle, réagit Marie Saulnier Bloch, secrétaire spécialisée dans le domaine de la migration chez Unia. Nous attendions cette votation avec impatience, elle est le fruit d’un long travail de terrain et de réseau que nous suivions au travers de la plateforme nationale pour les sans-papiers. Nous nous réjouissons en particulier de l’intelligence qui a été trouvée pour mettre en œuvre le projet, de la faculté de créer des alliances politiques larges et d’ancrer la nécessité de la question dans le débat.»
Selon une étude datant de 2015, la première ville du pays abriterait 10000 personnes démunies de permis de séjour. C’est peut-être plus. «Zurich est l’une des villes les plus riches de Suisse; toutefois, contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, elle dénombre plus de sans-papiers que de banquiers. Ces personnes sans statut légal et leurs proches vont enfin accéder aux services et aux activités communales, aux clubs de sport ou aux bibliothèques, bref avoir une vie dite normale. Ce moyen d’identification facilite l’accès aux prestations publiques et privées, ce n’est pas un privilège, mais il révèle le besoin de reconnaissance de la citoyenneté active, des personnes qui habitent et consomment dans une ville, participent à sa vie économique, culturelle, au débat.»
Cette carte de résidence communale ne permettra cependant pas de passer sans encombre au travers d’un contrôle d’identité ni d’éviter un renvoi. «Il n’y a pas d’équivoque, ce n’est pas un permis de séjour, mais un document qui atteste de la participation à la vie de la commune», souligne Marie Saulnier Bloch.
Réflexions en cours ailleurs
La démarche s’inscrit dans le concept d’Urban Citizenship (citoyenneté urbaine) suivi par des villes nord-américaines. New York délivre ainsi depuis 2015 une carte d’identité à tous ses résidents, la «New York City Identification Card». Pour prouver son séjour dans la Big Apple et l’obtenir, il suffit de présenter une facture des services industriels, voire une attestation d’un refuge pour sans-abri.
En Suisse, plusieurs villes pourraient suivre cet exemple, des réflexions en ce sens sont en cours à La Chaux-de-Fonds et à Renens. «Il serait important que ces deux villes rouges, ouvrières et populaires envoient un signal de solidarité», estime la syndicaliste, qui va suivre avec attention les développements du projet zurichois. «Nous ne pouvons qu’appeler à d’autres initiatives du même genre.»