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Un scrutin crucial

Un rendez-vous crucial se profile le 18 juin. Une date qui mettra enfin la Suisse sur les rails d’une transition écologique planifiée et concrète. Ou la laissera dangereusement à quai, figée dans un immobilisme qui se paie déjà cash et coûtera davantage chaque jour d’inaction supplémentaire. Deux ans après l’échec dans les urnes de la Loi sur le CO2, les citoyens sont appelés à voter sur un nouveau projet de protection du climat. Ni taxes ni interdictions comme le suggérait la précédente mouture – les autorités ont tiré les leçons d’un refus en partie expliqué par des dispositions coercitives –, mais des mesures propres à encourager de bonnes pratiques. Concrètement, le gouvernement veut favoriser, grâce à une aide financière de 2 milliards de francs, répartie sur dix ans, le remplacement des chauffages au mazout, au gaz et à l’électricité par des systèmes plus économes et respectueux de l’environnement. Une nécessité sachant que ce secteur génère près d’un quart des émissions de gaz à effet de serre avec 900000 bâtiments toujours tributaires des combustibles fossiles et 1200000 autres équipés de coûteux et gourmands chauffages électriques. Les propriétaires qui opteront pour des modèles plus efficients et moins dommageables pour la nature, comme les pompes à chaleur, verront la facture de leurs investissements largement allégée. Une initiative gagnant-gagnant et pour ces derniers, et pour les locataires qui devraient à terme aussi en profiter avec des charges moins élevées.

L’innovation sera également payante: les entreprises recourant à des technologies de production respectueuses du climat pourront compter sur le soutien de la Confédération. 1,2 milliard de francs sur six ans sont prévus à cet effet. Ces deux objets forment la clé de voûte de la loi fédérale. Qui vise à réduire ainsi progressivement la consommation de pétrole et de gaz naturel de notre pays – et, partant, sa dépendance critique envers des Etats aux régimes autocratiques – et à promouvoir le développement d’énergies durables. Avec, pour objectif, la neutralité carbone en 2050, comme le préconise l’Accord de Paris que la Suisse a signé en 2017.

La Loi sur le climat est un contre-projet pragmatique indirect à l’initiative sur les glaciers jugée trop radicale par le gouvernement. Bien qu’imparfaite, elle va dans la bonne direction. Et fédère le soutien de l’ensemble de la classe politique à l’exception de l’UDC qui l’a combattue par référendum. Le parti agrairien juge la mouture «extrême et coûteuse». Il affirme qu’elle entraînera une explosion des prix et une pénurie d’électricité et brandit la menace de nouvelles ponctions dans le porte-monnaie des ménages. L’UDC va même jusqu’à dénoncer l’impact des éoliennes et des panneaux solaires sur le paysage – une sensibilité purement de circonstance. Et ne s’encombre pas de nuances pour promouvoir le rejet de la loi en jouant essentiellement sur la peur. Une attitude irresponsable et d’un égoïsme crasse à l’égard des prochaines générations. Ne rien faire coûtera pourtant bien plus cher alors que les événements liés au dérèglement climatique se multiplient. Que l’on ne cesse de se confronter à ses effets délétères, entre canicules, sècheresses, fonte des glaciers, raréfaction de la neige, glissements de terrain, etc. A titre d’exemple, le Valais verse chaque année 250 millions de francs pour atténuer les conséquences de thermomètres qui s’affolent. La Suisse doit agir. Et en tant que coresponsable et comme victime du réchauffement climatique elle qui subit déjà de plein fouet ses conséquences avec, depuis le début des mesures, 2,5 degrés de plus. Soit deux fois plus que la moyenne mondiale.

Dans ce contexte, il ne reste plus qu’à espérer que chacun prenne la mesure de l’urgence et vote en conséquence.