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Une réouverture des écoles et des crèches aussi lente que nécessaire

Ecole de Chavornay avec panneau interdiction aux piétons.
© Neil Labrador

Les écoles sont toujours désertes, comme ici à Chavornay. Mais leur ouverture prochaine est précipitée, estiment les syndicats romands des enseignants et de nombreux parents. Le Conseil fédéral doit annoncer aujourd’hui s’il maintient la date prévue du 11 mai. 

Un retour des élèves de l’école obligatoire dans leurs classes dès le 11 mai ne convainc pas les syndicats d’enseignants, qui en demandent le report

Ce mercredi 29 avril, le Conseil fédéral doit confirmer et préciser son annonce du 16 avril sur la réouverture des écoles obligatoires dès le 11 mai. Il semble toutefois peu probable que le gouvernement parvienne à lever les doutes des enseignants et des parents. Comment assurer les prescriptions de l’Office fédéral de la santé publique dans les salles de classe (OFSP), les cours de récréation, les cantines ou les transports? Comment protéger le personnel enseignant et parascolaire?

L’annonce du 16 avril a provoqué une levée syndicale de boucliers. La coordination romande des groupes Enseignements du Syndicat des services publics (SSP) a dénoncé dans un communiqué une volonté de faire «passer les profits avant les considérations sanitaires, pédagogiques et sociales», qui «fait courir le risque d’une nouvelle propagation du virus au sein de la population tout entière». «La fonction première de l’école serait ainsi d’occuper les enfants afin que les salariés retournent au travail», ponctue le SSP en invitant les cantons romands à repousser cette reprise. A quelle date? «Nous attendons des réponses aux questions que nous nous posons, nous voulons que tous les aspects soient étudiés, que, d’un point de vue sanitaire, nous puissions nous appuyer sur des études et un concept clair. Ce n’est pas une demande exagérée et il n’y a pas de raison que cela dure des mois. Mais on ne voit pas comment une ouverture le 11 mai serait possible», répond Philippe Martin, secrétaire central du SSP.

Le syndicat tient toutefois à préciser que, dès lors que les conditions sanitaires seront remplies, la reprise des cours en classe reste indispensable. Le «télé-enseignement» n’étant guère praticable dans nombre de contextes familiaux, il aggrave les inégalités. «Les enseignants ont fait de leur mieux pour garder le lien avec les élèves, mais le renforcement de l’école à distance est difficile», indique Philippe Martin. Le SSP demande des «investissements massifs» dès la rentrée d’août. «Ce ne sera pas une rentrée ordinaire, il faudra porter une attention particulière aux élèves qui ont décroché durant la période de confinement et offrir des appuis aux élèves les plus en difficulté.»

Même son de cloche du Syndicat des enseignants romands (SER), qui, dans une prise de position, souligne l’incohérence entre la décision de fermer abruptement les écoles le 13 mars et cette réouverture le 11 mai «sans que les éléments scientifiques aient réellement changé». «Il est essentiel de ne pas se précipiter et de s’assurer d’une organisation qui garantisse la sécurité sanitaire des enseignants, des élèves et de toutes les personnes travaillant au sein des établissements», écrit le SER.

Du côté des parents, beaucoup ne semblent pas non plus pressés. Selon un coup de sonde réalisé auprès de 10000 visiteurs des sites de Tamedia, une nette majorité estime qu’une rentrée le 11 mai est une «mauvaise idée». Une pétition lancée dans le canton de Vaud avait, pour sa part, recueilli en fin de semaine dernière plus de 16000 signatures contre cette minirentrée à seulement sept semaines des vacances d’été.

N’ouvrir les crèches qu’au compte-gouttes

La situation diffère dans les structures d’accueil de la petite enfance, la Confédération ayant laissé aux cantons la liberté de les fermer ou pas. Les cantons romands ont opté pour la fermeture tout en assurant un accueil minimal pour les parents en première ligne dans la lutte contre la pandémie ou n’ayant pas trouvé de solution de garde. Ce service minimal était appelé à s’élargir ce lundi 27 avril pour répondre aux besoins créés par le redémarrage de certaines branches. Cette première étape d’une réouverture progressive des crèches était appréhendée par le personnel, nous expliquait la semaine dernière Maria Pedrosa, secrétaire syndicale du SSP Vaud. «La question n’est pas tant de savoir à quelle date a lieu cette réouverture, mais dans quelles conditions elle se déroule. Il y a une grande incertitude sur le nombre d’enfants à accueillir. Nous espérons le moins possible afin que le personnel soit protégé au mieux.» Respecter les règles de distance de l’OFSP avec des tout-petits est illusoire, mais pour assurer ce service minimal les cantons ont édicté des normes – le «cadre de référence de crise» pour Vaud – qui réduisent notamment le nombre d’enfants par groupe et augmentent le nombre de mètres carrés par enfant. «Nous avons demandé aux autorités cantonales que le cadre de crise soit maintenu, que les structures n’ouvrent qu’au compte-gouttes et que l’accueil soit limité aux enfants dont les deux parents doivent se rendre sur le lieu de travail.»

Pour Maria Pedrosa, cette crise aura eu le mérite de révéler le rôle essentiel joué par les institutions de la petite enfance. La secrétaire syndicale plaide pour une revalorisation des métiers de l’enfance, qui restent essentiellement féminins. «Cela passe par une augmentation des salaires du personnel, qui, à formation égale, gagne nettement moins que des secteurs masculins. Les salaires sont d’autant plus bas que l’on dénombre beaucoup de temps partiels.» Cette revalorisation implique également de mettre l’accent sur la formation et le financement.

L’USS demande un soutien pour les crèches

Privées de la contribution financière des parents, passablement de crèches se retrouvent dans une mauvaise passe. L’accueil réduit d’enfants se révèle déficitaire, les baisses de recettes pouvant atteindre des dizaines de milliers de francs par mois et par structure. L’Union syndicale suisse (USS) craint que des places ne disparaissent et tire la sonnette d’alarme. «Pour beaucoup de femmes, cela signifierait un retrait de la vie professionnelle», estime la faîtière syndicale, qui invite le Parlement à prendre les décisions qui s’imposent lors de la session spéciale du mois de mai. La Commission de l’éducation du Conseil national propose que la Confédération compense la moitié des coûts engagés par les cantons pour soutenir les institutions de la petite d’enfance, ce qui constituerait un ballon d’oxygène.

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