Vacances au goût amer
Ça y est, nous voilà arrivés en juillet! Après cette période inédite de Covid-19, durant laquelle certains ont été cloîtrés, d’autres ont dû travailler avec leurs gosses dans les pattes, sans oublier évidemment nos héros envoyés trimer au front pour assurer notre survie, nous avons tous bien mérité un peu de repos. Après avoir été privés de nos proches, mais aussi des lieux culturels et de loisirs, il est temps de nous détendre cet été, à la montagne, au bord d’un lac ou encore sur une plage. Hélas, la crise sanitaire, qui laisse place, chaque jour un peu plus, à une crise économique, en a décidé autrement. Entre ceux qui ont perdu leur emploi, ceux qui craignent pour leur place de travail, ceux qui n’ont touché que 80% de leur déjà maigre salaire, nombreux seront ceux qui se serreront la ceinture cette année. Moins de vacanciers, donc, et pour les personnes qui ont la chance de s’en offrir, il y a fort à parier que le budget sera restreint et le séjour moins long que d’habitude.
En effet, malgré un semi-confinement helvétique assez souple comparé à celui de nos voisins, les dégâts sont quand même là. Rien qu’en Suisse romande, les Offices régionaux de placement (ORP) ont – ou vont – engager plus de 85 nouveaux collaborateurs, selon la RTS, pour faire face à l’afflux de nouveaux dossiers, le Seco estimant qu’entre 15000 et 20000 personnes supplémentaires pointeraient au chômage cette année. Une aberration quand on sait que les entreprises ont reçu pour 60 milliards de francs d’aides en lien avec cette crise sanitaire pour justement sauvegarder l’emploi. L’appel syndical national «Pour une sortie de crise solidaire», qui exige de la Confédération que les salaires de 5000 francs net et moins soient entièrement compensés, est vital dans ce contexte.
Autre indicateur, à Genève, les demandes auprès de l’Hospice général qui ont explosé, passant de 400 par mois habituellement à 1700 en six semaines… Des travailleurs de l’hôtellerie-restauration et de l’économie domestique restés sur le carreau mais aussi, nouveauté, beaucoup d’indépendants, notamment des chauffeurs de taxi et des travailleuses de l’esthétique et du sexe. Pour fonctionner correctement, l’institution d’aide sociale aurait besoin de 25 millions de francs supplémentaires. Quant à ceux qui passent entre les mailles du filet social, ceux qui n’ont pas suffisamment cotisé au chômage, ceux qui sont trop «riches» pour prétendre à l’aide sociale et ceux qui n’ont pas de papiers, ils vont enfin pouvoir bénéficier du fonds cantonal pour les travailleurs précaires (lire ici). Certes, le projet est lacunaire et arrive bien trop tard, comparé aux 16 millions de francs débloqués sans rechigner pour venir en aide au Salon de l’auto, mais c’est une belle victoire politique. Espérons que ce petit coup de pouce sauve les plus vulnérables.