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Après le congé paternité, le congé parental! Depuis le 1er janvier, les papas travaillant en Suisse bénéficient d’un congé légal et payé de deux semaines pour accueillir leur nouveau-né. Un grand pas pour la Suisse. Mais un pas de fourmi en comparaison des congés dont bénéficient les parents ailleurs en Europe.

Depuis plus de dix ans, la Commission fédérale pour les questions familiales (COFF), une commission extraparlementaire et consultative regroupant des spécialistes du domaine, défend l’instauration d’un congé parental d’au moins 38 semaines au total, soit près de 9 mois, à répartir entre la mère et le père.

Le modèle, ajusté après l’adoption du congé paternité par 60,3% des votants en septembre 2020, propose d’ajouter 22 semaines de congé parental aux droits actuels de 14 semaines pour les mamans et de 2 semaines pour les papas. Le tout payé à 80% du salaire par les allocations pour perte de gain (APG). Afin de promouvoir la prise du congé par les pères, 6 de ces 22 semaines leur seraient réservées. Car les enjeux du congé parental sont multiples. Il y a l’objectif d’égalité entre les parents, pour un meilleur partage des tâches et une conciliation plus harmonieuse entre vie professionnelle et vie familiale. Il y a bien sûr le bien-être de l’enfant, les gains en matière de développement, de relation avec le père, et de santé pour tous. Un tel congé parental permettrait aussi de favoriser le maintien en emploi des femmes après leur maternité. Autres éléments mis en avant par la COFF: «le retour sur investissement dans la formation des femmes», la lutte contre la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, une natalité plus élevée, ainsi que la hausse des recettes fiscales et des contributions à l’AVS et aux caisses de pension.

On le sait, aujourd’hui ce sont principalement les femmes qui réduisent, voire stoppent leur activité après la naissance d’un enfant. Cela bien souvent en raison d’un revenu inférieur gagné par la maman, parce qu’elle travaille dans une branche à bas salaire ou qu’elle est victime d’inégalité salariale.

La semaine dernière, la COFF a dévoilé une nouvelle estimation des coûts du congé parental en se fondant sur des modèles similaires existant en Norvège et en Islande. Dans ces pays, les mamans s’accordent 92% du congé à disposition, les pères entre 74% et 86%. A partir de cette répartition, et du fait qu’une journée de congé prise par une maman en Suisse coûte bien moins (127 francs) qu’une journée d’un papa (161 francs), la COFF chiffre à 15000 francs par enfant, ou 1,3 milliard en tout, le coût annuel du congé parental de 22 semaines. A titre de comparaison, les congés maternité et paternité actuels sont évalués à environ 1 milliard par an. Or, selon la commission, une hausse de 1% du taux d’emploi des femmes grâce au congé parental permettrait d’engendrer des revenus fiscaux qui financeraient entre 18 et 20 semaines d’un tel congé.

Alors que la moitié des pays de l’OCDE disposent de congés parentaux d’au moins 43 semaines, la Suisse a encore du chemin à parcourir… Si l’on peut regretter que la naissance et le bien-être des enfants et des parents se réduisent à des «coûts» et à des «investissements», souhaitons que la proposition de la COFF franchisse à vive allure les obstacles. En n’oubliant pas que ces dernières années, les entreprises ont bénéficié d’abondants cadeaux fiscaux. Dernier en date, les 2 milliards de francs annuels offerts par la RFFA, adoptée en 2019. Un montant qui financerait aisément le congé parental proposé…